AdieuX : les marques doivent-elles rejoindre l’exode du réseau ?

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Depuis son rachat par Elon Musk, la plateforme X, anciennement Twitter, est au cœur de nombreuses polémiques. Une modération affaiblie, un algorithme favorisant les contenus complotistes ou les fake news, et la montée en puissance de l’extrême droite ont transformé le réseau en un espace de plus en plus « toxique » pour certains.

Cette évolution a provoqué la colère et le départ massif d’utilisateurs dans le monde, notamment des médias et des leaders d’opinion. Un mouvement amplifié après les élections américaines, où plus de 100 000 comptes américains ont été désactivés. En France, la Ville de Paris, le journal Sud Ouest, l’émission Quotidien, Sandrine Rousseau, et bien d’autres ont déjà pris leurs distances. Le mouvement #HelloQuitteX a même vu le jour, incitant les utilisateurs à migrer vers des alternatives comme Bluesky ou Mastodon.

Entre convictions et stratégie

Pour les marques, la situation soulève une question clé : rester ou partir ? Et si vous vous posez cette question, c’est soit que vous aussi n’êtes plus alignés avec la direction prise par le réseau, soit que, de façon plus pragmatique, vous redoutez une perte d’audience à venir. Dans les deux cas, il est peut-être temps d’agir.

Pour le premier scénario, il est important de définir le degré d’engagement que votre marque est prête à afficher. Quitter X aujourd’hui est un geste fort pour les entreprises qui refusent d’être associées à un environnement controversé. Et le revendiquer, comme certaines l’ont fait, l’est encore plus. Selon vos convictions et votre image, à vous de choisir entre un départ fracassant ou une disparition discrète, voire graduelle, pour plus de sérénité.

Dans le second, il faudra davantage évaluer l’apport de X pour votre marque. Si les retombées de la plateforme sont devenues insuffisantes par rapport au temps et aux ressources investies, alors oui, il est peut-être temps de l’abandonner, sans forcément fermer votre compte. Et même si X reste toujours aussi performant pour vous, explorer d’autres réseaux reste un levier stratégique pour élargir votre portée et toucher votre audience. Vous connaissez l’histoire des œufs et du même panier.

Mais pour aller où ?

Quitter X pour Bluesky ou Mastodon peut sembler une solution évidente, mais ces plateformes ont encore une audience limitée (jusqu’à 10 fois moins d’utilisateurs) et peu d’opportunités publicitaires. Investir sur ces réseaux relèverait donc plus de l’anticipation que d’une stratégie rentable à court terme.

Parmi les alternatives à considérer, on recommandera davantage :

- LinkedIn : Le grand gagnant de la crise de X, il a gagné +200 millions d’abonnés en 2 ans et devrait atteindre 1 milliard d’utilisateurs en 2024. Il offre une audience B2B active (médias, politiques, tech) et des retombées organiques performantes, malgré des coûts publicitaires plus élevés que la moyenne.

- TikTok : Son format dynamique et réactif permet de rebondir sur l’actualité chaude et de toucher une audience jeune et engagée. Idéal pour les marques créatives qui parviennent à maîtriser son algorithme viral, bien que souvent imprévisible.

- Threads : Lancé par Meta, ce réseau se positionne comme un concurrent direct de X, avec une interface similaire. Cependant, sa communauté se rapproche plus d’Instagram, ses possibilités publicitaires sont encore inexistantes, et son avenir est incertain face aux déclarations controversées de Mark Zuckerberg, qui semble vouloir suivre la trajectoire d’Elon Musk.

- Reddit : Souvent sous-estimé, Reddit offre des communautés de niche engagées, parfaites pour des discussions authentiques et ciblées.

Alors, partir un jour, sans retour ?

L’exode de X ne s’impose pas comme une évidence, mais comme un choix à peser soigneusement. Entre convictions et stratégie, chaque marque doit trouver sa propre réponse en fonction de ses valeurs, de ses objectifs et de sa cible.

Dans ce paysage numérique en constante évolution, une chose est sûre : la diversification et l’adaptabilité sont plus que jamais essentielles. Les réseaux sociaux ne sont pas des clubs privés auxquels on adhère ou non, ce sont des canaux de communication. Quand l’un de ces canaux ne vous permet plus d’être entendu suffisamment ou auprès de la cible qui vous intéresse, il suffit d’en changer, sans préavis. Et peut-être un jour y reviendrez-vous, une fois la tempête passée ou le PDG lassé…

(Les tribunes publiées sont sous la responsabilité de leurs auteurs et n'engagent pas CB News).

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