Renouvellement de fréquences TNT : si avec Réels TV« on peut nuire à la bêtise, nous en serons très heureux » (Denis Olivennes)

olivennes

Denis Olivennes auditionné par l'ARCOM le 16 juillet 2024

Une « chaine généraliste dont le documentaire sera la colonne vertébrale ». C’est ainsi que définissait mardi le président de CMI France Denis Olivennes son projet de chaine TNT baptisée « Réels TV », lors de sa présentation devant l’ARCOM. En effet, le documentaire représentera 50% du temps d’antenne alors que le débat et le divertissement au sens large se partageront le reste, à 25% chacun. Si la chaine proposera annuellement 8 760 heures de programmes, la nouvelle venue, si elle était choisie par l’instance de régulation, affiche une « ambition démocratique, engagée dans les débats de société en étant avide de les expliquer », résume le philosophe Raphaël Enthoven lors de l’audition. « Nous voulons remplacer le combat par le débat », insiste-t-il, car « les médias ont un rôle à jouer et Réels TV aura son rôle à jouer face à la désinformation ». Le credo, ajoute M. Olivennes, « la contradiction raisonnable et le pluralisme de raison ». Et puis si avec Réels TV « nous pouvons nuire à la bêtise, nous en serons très heureux ».

Pour Caroline Cochaux, ancienne directrice générale de la chaine jeunesse Gulli, la nouvelle chaine qui souhaite séduire les 24-59 ans ne « sera pas la vitrine de CMI France, ce sera une chaine de plein exercice ». Elle proposera ainsi « de décrypter et de raconter le réel » via des documentaires français et européens sur des thématiques sociétales, l’Histoire-Géopolitique, la culture, les sciences, etc.  Elle entend également faire « la part belle » aux films (56h/an) d’expression française et européenne. La tranche 19h-21h (1 825h/an), du lundi au vendredi, laissera sa place au direct avec une émission en trois séquences : un grand entretien avec une personnalité dans l’actualité, un débat sur les sujets d’actualité puis l’actualité culturelle. Le mercredi soir diffusera du spectacle vivant (208h/an) tandis que le jeudi soir verra la fiction prendre le pouvoir avec la mise en avant de figures historiques ou encore des adaptations littéraires. Le week-end, à l’image de la presse de fin de semaine, Réels TV s’attachera à l’art de vivre (beauté, santé, mode, décoration, etc.). Elle rediffusera également ses programmes, « deux fois au maximum par programme » souligne Mme Cochaux, le soir tard ou le lendemain au déjeuner afin d’attirer « des publics très différents ». La chaine compte également sur le groupe Télégramme avec qui une émission commune est prévue, et lance un appel aux groupes de la presse quotidienne régionale pour envisager différents types de collaboration…

Les synergies avec CMI France

Si la chaine ne se veut pas la vitrine du groupe CMI France, elle ambitionne tout de même de « compter sur l’expertise de ses médias, avec des synergies possibles », souligne la rédactrice en chef du magazine ELLE, Ava Djamshidi. Comment en effet faire fi des expertises thématiques maison de, pêle-mêle, Version Femina, Télé 7 Jours, Franc-tireur, Louie Media, Usbek & Rica ou encore L’Opinion dont CMI France négocie actuellement son entrée dans le capital à hauteur de 49% ?

Réels TV s’appuiera également sur Loopsider, dont CMI France est également au capital depuis l’été 2023, afin de séduire les publics les plus jeunes avec des formats spécifiquement dédiés aux réseaux sociaux. « Nous voulons créer un lien entre TV linéaire et nouveaux usages », explique Guiseppe de Martino, cofondateur et président de la plateforme vidéo, afin de constituer une véritable « communauté » Réels TV. De plus, Loopsider sera également à la manœuvre dans l’identification des sujets qui concernent les Français et qui pourront ainsi se retrouver sous forme de reportages sur les antennes de la chaine afin de notamment accompagner et éclairer les débats de la tranche 19h-21h.

Côté investissements et revenus, Réels TV table sur 390 heures de publicité annuelle (soit 26 M€ pour la publicité traditionnelle + 1 M€ pour la pub digitale) ainsi que sur une enveloppe de 16 millions € qui servira à l’achat de programmes alors que, selon Denis Olivennes, Réels TV sera en mesure de supporter « 32 millions € de cash-flow négatif cumulé ». La chaine s’engage en outre à investir a minima 12,5% de son CA dans la production, sachant qu’elle sera sans doute « au-dessus » dès son lancement. Dans l’hypothèse où elle serait choisie par l’ARCOM, elle débuterait avec 17 collaborateurs avec un objectif de 21. Par ailleurs interrogé par le président de l’ARCOM Roch-Olivier Maistre sur la compatibilité de la création de la chaine avec la législation française sur la présence de fonds étrangers dans le capital d’une chaine TV, Denis Olivennes a semblé surpris, ne répondant qu’un simple « j’espère ». « J’espère que vous ne faites pas qu’espérer » lui a répondu le président de l’instance de régulation.

À lire aussi

Filtrer par