Renouvellement de fréquences TNT : les sanctions contre CNews, c'est « 0,012% du temps d’antenne » (Serge Nedjar)

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Maxime Saada, président du directoire du groupe Canal+ auditionné par l'ARCOM le 15 juillet 2024

L’état-major du groupe Canal, son président du directoire Maxime Saada en tête, et le management de CNews étaient lundi matin auditionnés par l’ARCOM dans le cadre des renouvellements des fréquences TNT dont la chaine d’information fait l’objet.

CNews, c’est « 15h30 par jour en moyenne de direct, 6 500 heures de direct par an » tandis que les 4 sanctions opérées par l’ARCOM en 2024 à son encontre représentent « 0,012% de notre temps d’antenne », pose le directeur général de la chaine Serge Nedjar. S’inscrivant pleinement dans l’écosystème des chaines  gratuites et payantes du groupe Canal+, CNews aura été « bénéficiaire » en mars dernier et devrait être profitable « l’an prochain voire même cette année » avec « 550 annonceurs », souligne M. Saada soucieux que la chaine puisse obtenir la reconduction parfois contestée de sa fréquence TNT à compter du 31 août 2025. Les dirigeants ont ainsi présentés leurs engagements pour la chaine d’information avec, du lundi au dimanche, le doublement des tranches de programmes en Langage de signes (LSF) et sous-titrage, le lancement de 2 émissions en audiodescription (104 par an), la poursuite de la mise à l’antenne d’une émission sur l’actualité littéraire ou encore la valorisation de la charte alimentaire avec 2 émissions, le lancement d’un programme mettant en valeur les entreprises et l’économie ainsi que deux fois par semaine, un reportage ou une émission sur la protection de l’environnement et la transition écologique.

Mais le management de CNews était attendu sur les questions liées aux polémiques et autres sanctions qui ont émaillé ses programmes ces derniers mois, et leurs réponses éditoriales et organisationnelles. « C’est comme la météo, il y a la réalité des 0,012% que vous citez, puis il y a le ressenti et leur retentissement », pointe ainsi le conseiller de l’ARCOM Antoine Boilley. « De ces manquements, nous avons appris », répond Gérald-Brice Viret, directeur général de Canal+ France chargé des Antennes et des Programmes. « Nous avons installé 5 systèmes de vérification » sur ce qui peut se dire sur les antennes de la chaine, alliant notamment « rédacteur en chef plateau, chef d’édition, Serge Nedjar et moi-même », explique Thomas Bauder, directeur de l’information de CNews. Avec 40 JT par jour, les tranches d’information de la chaine d’information représentent « plus de 50% » de l’antenne par rapport aux magazines et reportages. Revendiquant pleinement le statut de chaine d’information pour CNews contrairement à celui souvent avancé de chaine d’opinion, Serge Nedjar explique que « débiter des informations toute la journée n’a pas grand sens, nous voulons y donner un éclairage avec nos débats. Et cela reste de l’information ». « Nous avons par ailleurs mis en place un comité de programmes ainsi qu’un comité de rédaction », ajoute M. Bauder. Le premier à vocation, « toutes les semaines », à faire le point sur la « qualité » des intervenants sur les antennes de CNews afin de véritablement constituer un « vivier » de personnalités. Le second revient quant à lui sur la façon d’animer les débats. « Il y a une vigilance permanente et à la rentrée nous renforcerons nos procédures », assure le directeur de l’information.

Une direction du pluralisme

Le moment également d’annoncer vouloir « muscler le service juridique » ainsi que la mise en place d’une « direction du pluralisme » qui entrainera l’embauche de 4-5 personnes, dans la droite ligne de la décision du Conseil d'Etat mi-février, qui a exigé que l'ARCOM renforce son contrôle du pluralisme sur CNews et, au-delà, sur les TV et radios. La plus haute juridiction administrative avait été saisie par Reporters sans frontières, qui estimait que la chaîne d'info était devenue « un média d'opinion ». Cette nouvelle direction veillera « à la pluralité des thématiques, des intervenants et des opinions », a indiqué Gérald-Brice Viret, tout en étant parallèlement « une aide à la décision auprès de la direction de la chaine ». Par ailleurs interrogé par le président de l’ARCOM, Roch-Olivier Maistre, sur la possibilité qu’un administrateur indépendant « Déontologie » au sein du groupe puisse être nommé, Maxime Saada n’a pas « d’objection de principe », mais que cela ne pourrait se faire qu’avec l’évolution juridique du groupe Canal+, dans le cadre de la réflexion menée actuellement par sa maison-mère Vivendi, d’une scission de ses activités.

Des tensions

Enfin, l'évocation de la décision du Conseil d'Etat en début d’année a donné lieu à un échange à fleuret moucheté entre MM. Maistre et Saada. Le premier appelant à des engagement précis quant à son application d’une décision rendue « claire » quant au pluralisme tandis que le second affirmait qu’elle n’avait « rien de concret » et qu’il y avait « 1 000 manières de l’appliquer ». « Nous attendons les délibérations de l’ARCOM en la matière pour nous adapter. Si nous n’attendions pas, nous pourrions éventuellement être en contradiction avec votre délibération à venir. Nous respecterons quoi qu’il en soit strictement les futures décisions de l’ARCOM », assène Maxime Saada.

Créée en 2017 sur les cendres d'iTélé, CNews s'est classée numéro un des chaînes d'information en continu (en parts de marché) en mai puis en juin  devant BFMTV, une performance inédite. La semaine passée, deux amendes d'un total de 80.000 euros ont été rendues publiques, pour « manquements » à ses obligations lors d'un débat consacré au projet de loi immigration et pour des propos climatosceptiques.

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