Quotas radio : Franck Riester plaide l’égalité avec les plateformes de streaming
Le ministre de la Culture Franck Riester a dit vendredi réfléchir à un dispositif qui obligerait les plateformes de streaming musical comme Deezer ou Spotify, à mieux mettre en avant les artistes francophones, dans un souci d'équité avec les radios françaises. Depuis la rentrée et l'annonce du projet de réforme de l'audiovisuel porté par M. Riester, les groupes radiophoniques réclament des mesures pour rétablir une forme d'égalité réglementaire par rapport aux plateformes de streaming. Ces dernières échappent totalement aux règles en matière de quotas d’artistes francophones, créées dans les années 1990. Les radios souhaiteraient globalement que ces quotas soient assouplis et réclament notamment la suppression de la règle dite de « plafonnement des rotations », apparue en 2016, qui les contraint à diversifier leur liste de titres francophones. « Les quotas de musique francophones sont très pertinents, ils ont des résultats, puisqu'on voit bien qu'il y a une émergence très importante de nouveaux artistes français », a estimé Franck Riester, sur l'antenne d’Europe 1, fermant ainsi la porte à un abandon des quotas francophones.
« En revanche, ce qui n'est pas logique c'est qu'il y ait une rupture d'égalité, d'équité, entre les radios et les plateformes de streaming, donc nous sommes en train de travailler à des dispositifs qui obligent les plateformes de streaming aussi à exposer mieux les contenus francophones », a-t-il affirmé. Une des pistes évoquées par les professionnels du secteur serait d’obliger les plateformes de streaming à augmenter la part des titres d’artistes francophones dans leurs « playlists ».
Dans une déclaration à l'AFP, Ludovic Pouilly, président du Syndicat des éditeurs de services de musique en ligne (ESML, organisme qui défend les intérêts des plateformes), a estimé en substance qu'une telle mesure serait injustifiée et affaiblirait tout un pan de l'industrie musicale. « La comparaison des services musicaux en ligne avec les radios n'est pas justifiée » et « un dispositif similaire à celui des quotas radios, créerait une asymétrie avec les autres canaux de distribution musicaux tels que les distributeurs physiques, bien plus comparables à nos plateformes », a-t-il plaidé.
De plus, le président de l'ESML a assuré qu'il n'y a aujourd'hui « aucune indication d'une anomalie de marché qui justifierait ou nécessiterait l'intervention du législateur », et estime le streaming musical, « principale source de croissance de l'industrie musicale en France », forme encore « un secteur fragile, qui doit être soutenu par les pouvoirs publics ». Les quotas francophones instaurés en 1994 obligent les radios à diffuser aux heures d'écoute significative un minimum de 40% de chansons d’expression française, dont la moitié au moins provenant de nouveaux talents ou de nouvelles productions. Du fait du « plafonnement des rotations », si plus de la moitié de ces quotas est concentrée sur dix titres, les diffusions supplémentaires de ces titres ne sont pas prises en compte. De son côté, la filière musicale française a protesté contre l’idée d'assouplir les quotas appliqués aux radios, estimant qu'elles « ne sont pas une source de contrainte ni de complexité ».