« Les chaînes sont en demande de nouvelles manières de voir le monde » - Marianne Guillon (Séries Mania Institute)
« Les métiers de l’audiovisuel peuvent s’ouvrir davantage à des profils qui n’y ont pas accès facilement ».
A Lille, à seulement une heure de train de Paris, existe une école dédiée à l’univers des Séries, un format de formation unique au monde, créé en 2021 par le festival Séries Mania. Parmi les formations proposées, le « Tremplin » vise à initier ses jeunes participants – souvent issus de milieux défavorisés - à l’écriture sérielle et aux métiers techniques des séries et de l’audiovisuel. Rencontre avec Marianne Guillon, directrice de Séries Mania Institute.
CB News : Pourquoi une école dédiée spécifiquement à l’univers des séries ?
Marianne Guillon : Au sein de Séries Mania, nous avons fait le constat qu’il y a un développement exponentiel des productions de séries tant en France qu’en Europe, ce qui implique la nécessité d’avoir une filière nombreuse et bien formée. Deuxième constat : on ne produit pas une série comme on produit un film. Le rythme de travail est différent. Toutes les étapes de la réalisation interagissent les unes avec les autres. Produire une série demande un travail collaboratif plus poussé et une manière d’écrire radicalement différente, avec souvent plusieurs scénaristes. Nous avons conçu nos programmes de façon que chaque profession connaisse le métier de l’autre, que les scénaristes aient une idée des contraintes de la production et inversement.
CB News : Pourquoi l’avoir installé au nord de la France, à Lille ?
Marianne Guillon : D’abord parce que Series Mania Institute a été développée par Series Mania, installée à Lille depuis 2018. Les Hauts-de-France sont une région où il y a un écosystème audiovisuel assez important, qu’il faut aussi alimenter en profils formés. Ensuite, notre position géographique proche de l’Europe du Nord et de l’Angleterre est toujours un atout. Enfin, le bien-être et la convivialité légendaire du Nord ne sont pas un facteur négligeable.
CB News : Parmi les différentes formations proposées, vous avez lancé cette année la deuxième saison de la formation gratuite « Le Tremplin »…
Marianne Guillon : C’est une formation inclusive destinée à 20 jeunes, âgés de 18 à 25 ans, des Hauts-de-France, qui ont pu avoir des accidents de parcours scolaire ou social, qui peuvent venir de milieux ruraux éloignés… Nous voulions faire la démonstration que les métiers de l’audiovisuel peuvent s’ouvrir davantage à des profils qui n’y ont pas accès facilement. C’est un milieu où on entre souvent par relation et où on se forme sur le tas. La jeunesse d’aujourd’hui est très exposée aux images et elle en produit beaucoup. Dans son sein, on peut avoir de très bons candidats pour la filière audiovisuelle. Et le Nord est à la fois la région la plus jeune de France et celle qui a les indicateurs de pauvreté et de formation les moins bons de l’hexagone.
CB News : Il y a aussi une attente de profils formés de la part des entreprises ?
Marianne Guillon : Oui, nous sommes adossés à une filière qui connait des tensions sur certains métiers. Les écoles existantes ne forment pas suffisamment de monde et il y a une certaine homogénéité des profils qui sortent de ces écoles et des centres de formation. Les chaînes sont en demande de nouvelles histoires, de nouvelles manières de voir le monde, pour être en connexion avec leurs audiences. On observe d’ailleurs que les grands groupes privés développent tous les uns après les autres des comités dédiés à l’inclusion, à l’égalité des chances, mais aussi pour diversifier les profils de leurs collaborateurs.
Ci-dessous : Laurence Herszberg, directrice générale de Séries Mania, Marianne Guillon, directrice de Séries Mania Institute, et Pierre Ziemniak, directeur des programmes de l’école.
Ci-dessous un atelier d'écriture de scénario (formation ''Tremplin'')
Ci-dessous un atelier de réalisation (formation ''Tremplin'')