Fréquences TNT : l'ARCOM rend son verdict

Télévision
(©  Frank Okay / Unsplash)

Avec sa décision rendue mercredi, l’instance exclut C8 et NRJ 12 de la TNT

Le paysage audiovisuel français vit sa révolution en plein été. L’Arcom a dévoilé en début de journée, le 24 juillet, sa présélection des chaînes ayant candidaté à une des 15 fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT). Depuis les réactions s’enchaînent. Après les auditions publiques des 24 candidats, l’Autorité a présélectionné les projets de BFM TV, Canal+, Canal+ Cinéma(s), Canal+ Sport, CNews, CStar, Gulli, LCI, OF TV (société Ouest-France TV), Paris Première, Planète+, RéelsTV (société CMI France), TFX, TMC et W9. Deux nouveaux projets passent la sélection de l’Arcom. D'abord la chaîne des "vrais gens" OF TV qui est présentée par le groupe de presse Ouest-France. Le directeur du pôle audiovisuel du groupe Edouard Reis Carona a commenté dans un post LinkedIn : “c’est une décision incroyable qui nous honore et récompense l’immense boulot accompli par le groupe projet depuis quelques mois.” L’autre nouveauté est la chaîne généraliste RéelsTV défendue par le groupe CMI France (Elle, Femina...), dont l’actionnaire, le Tchèque Daniel Kretinsky explique être “déterminé à favoriser, par ses investissements dans les médias y compris audiovisuels, un débat et un esprit publics pluralistes et raisonnables, qui soutiennent la démocratie”.

Le retrait de C8 ? "Un mépris pour le public"

C8 et NRJ12 perdent leur autorisation de diffusion sur la TNT à l’horizon 2025. La première, chaîne du groupe Canal + détenue par Vincent Bolloré (via Vivendi), a été régulièrement sanctionnée par l’Arcom, notamment pour les dérapages de l’émission Touche pas à mon poste incarnée par Cyril Hanouna. Lors de son audition, la chaîne avait proposé de supprimer le direct sur ce programme en faveur d’une diffusion en différé. Une proposition qui ne semble pas avoir convaincu le collège de l’Arcom.

Dans un message interne, le président de Canal + Maxime Saada se dit “sous le choc... Nous allons maintenant prendre le temps d’analyser sereinement la situation qui s’impose à nous. Une chose est certaine le groupe Canal + s’est toujours illustré par son agilité, sa capacité à s’adapter et à rebondir.” Le directeur général de Canal+ France Gérald-Brice Viret a ajouté sur X (ex Twitter) : "comment peut-on comprendre cette décision inédite dans l’histoire de la TNT vis-à-vis d’une chaîne qui a participé de sa popularité ? Quel mépris pour le public !"De son côté, NRJ12 n’a pas réussi à convaincre avec sa programmation contenant peu d’inédit.

Les politiques s'en mêlent

Le rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur les fréquences TNT, Aurélien Saintoul (LFI) “constate avec satisfaction” le retrait par l’Arcom de la chaîne C8. Il estime toutefois “extrêmement regrettable” de renouveler la fréquence de la chaîne CNews qui selon lui “a été sélectionnée en dépit des nombreuses atteintes aux obligations inscrites dans sa convention et du racisme qui s’y exprime librement”. Il ne se réjouit pas non plus de la sélection du projet Réel TV puisqu’il “déplore ce choix qui renforce l’emprise de quelques milliardaires sur la sphère médiatique”. Un avis partagé par Le Média, candidat non retenu dans cette phase de sélection, qui compte "engager un recours”. Dans son communiqué, la coopérative aux affinités de gauche ajoute : “le milliardaire Bolloré perd une fréquence, mais en conserve six, le milliardaire tchèque Kretinsky se voit offrir la fréquence perdue par Bolloré : bref, pour l'Arcom, « il faut que tout change pour que rien ne change ».

Les représentants du Rassemblement national (RN) et de la droite conservatrice ne partagent pas cette position. La présidente du groupe d’extrême droite à l’Assemblée nationale Marine Le Pen a partagé sur X (ex Twitter) : “pour le pouvoir, le pluralisme est insupportable. Alors, petit à petit, ils vont chercher à le faire disparaître pour que toutes les chaînes et radios délivrent le même message que l’audiovisuel public : un panel de toutes les nuances de gauche.” Le président du nouveau groupe “A droite !” à l’Assemblée nationale a dénoncé “un scandale démocratique retentissant” et souhaite modifier la loi de 1986, relative à la liberté de communication audiovisuelle.

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