Plutôt que des résolutions, et si nous prenions des engagements !

Aujourd’hui, peu de causes semblent assez fortes pour provoquer notre engagement. La montée des extrêmes, des technologies disruptives ou des tensions géopolitiques ne provoquent assez ni notre créativité ni notre courage pour repenser Politique, Éducation ou Droit international. Même la Liberté, la Démocratie ou la préservation du Climat - ces luttes si impérieuses - peinent à nous mobiliser, tout du moins sur la durée. L’engagement est devenu une idée faible de nos résignations. Une idée pauvre de nos conforts, tout juste tièdes pour engourdir.

Le désengagement s’installe lorsque ce que nous avons à perdre à court terme est supérieur, en apparence, à ce que nous aurions à gagner en s’engageant. Par lassitude, déception ou fatalisme, le désengagement se réfugie derrière le vacarme ambiant de notre époque qui nourrit cette illusion que “d’autres agissent” ou, pire encore, que “ça ne changera pas”. 

Fort de nos renoncements, l’espace commun est entièrement saisi et abîmé par les mésengagés. Ce sont ces esprits bruyants, constamment indignés, dont l’ardeur de l’action s’arrête le plus souvent à la fin d’une émission de télé ou d’un tweet. Ces mésengagés nourrissent le pessimisme ambiant, le désarroi et les retranchements. Plus grave, ils stimulent l’engagement des pires : le délire complotiste ou wokiste; l'obsession des déclinistes et des extrémistes,  la violence de ceux qui n’ont plus rien à perdre… Cette montée du mésengagement sature l’espace et étouffe toute volonté d’agir.

Nous avons libéré le bruit et étouffé la Parole !

De Gaulle disait “Je parle, il le faut bien. L’action met les ardeurs en œuvre. Mais c’est la parole qui les suscite”. La parole et non le bruit, la punchline, le tweet…. 

Tenir, donner ou répondre de sa parole relève de cette obligation morale qui engage en premier lieu son auteur. L’engagement n’est pas épistolaire, il est éthique. La parole compétente et tempérée, inspirante et courageuse existe. Cette parole a le pouvoir d’engager l’esprit et le corps de ceux qui la reçoivent. Mais elle a besoin “d’espaces dépollués” pour susciter la réflexion et le désir d’agir. Aujourd’hui, cette parole est le plus souvent reléguée en troisième partie de soirée, noyée dans le vacarme des réseaux sociaux, supplantée par un torrent de commentaires et critiques. Il suffit d'imaginer un instant que l’appel du 18 juin ait eu lieu en 2023…

La majorité des hommes politiques est intègre, tout comme la majorité des entreprises est responsable. Pourtant, méfiants ou désabusés, les militants et les collaborateurs peinent à s’engager. A contrario, l’institution militaire comme certaines entreprises - notamment les start-up - ont moins de difficultés à attirer et retenir. Elles suscitent un engagement profond de leur partie-prenante grâce à une idée haute, une vision fédératrice. Que ce soit l’honneur de la patrie ou l’audace créative, elles donnent un sens clair à l’effort collectif, créent un environnement où les individus font corps et cultivent une culture de la confiance et de la responsabilité. En conséquence, elles attirent des individus dévoués, prêts à consacrer leur énergie pour atteindre des objectifs communs.

La communication doit s'évertuer à (re)créer de l’engagement

Nous devons (re)créer de l’engagement et la communication a un rôle majeur à saisir autant qu'une responsabilité à retrouver. La communication des entreprises, comme la communication politique, sont les plus à même de participer à la résurgence de l’engagement.

Le confort et l’apathie d’une entreprise comme Nokia, malgré des ressources humaines et financières immenses, ont entraîné sa chute. Mais celle-ci a surtout été précipitée par l’émergence d’Apple, qui a “pensé différemment“ son époque en concevant des produits à partir des usages et besoins réels des utilisateurs. L’engagement de ses clients démontre, aujourd’hui encore, le puissant alignement entre une vision, son contexte, une culture organisationnelle et une prise en compte des attentes clients, collaborateurs et toute autre partie prenante.

L’analogie avec la politique est entière. Churchill, Luther King, Simone Veil et d’autres leaders ont démontré la valeur de la vision, du leadership audacieux et de l’engagement en périodes critiques. Leur Parole et leur capacité de mobilisation autour d’objectifs ont été des facteurs essentiels dans la résolution de crises et la réalisation de changements significatifs.

L’entreprise tout comme l’homme politique ont une Parole à élaborer et à donner à leurs parties prenantes. Pour cela, ils doivent renoncer à la quête de l'attention, de la sensation et de la bonne formule. Ils doivent s’extraire du règne de la campagne ou de la séquence pour privilégier le temps long de la persévérance. Les deux doivent consacrer beaucoup plus d’efforts et de moyens à écouter, dialoguer et impliquer les parties-prenantes. Cette connexion est le véritable levier d’un engagement latent qui sommeille en chaque individu. Chacun de nous ! Et c’est toute la responsabilité d’une agence de communication ‘nouvelle génération’ : redonner de la valeur à la parole pour lui redonner de la portée. C’est là où réside la création d’engagement durable et impactant.

S’engager, c’est espérer, croire et agir en même temps

“Pouvoir ce que l’on veut et vouloir ce qui convient” disait Saint-Augustin.  S’engager est une liberté. La liberté de choisir qui va de pair avec une responsabilité morale. S’engager, c’est espérer, croire et agir en même temps. C’est donc Vivre, honorablement.

Aujourd’hui, plus que jamais, individuellement et collectivement, nous devons impérativement raviver l’engagement. Cela signifie réveiller le désir d’agir. Pour ressentir, de nouveau, la dynamique entraînante de la mobilisation, la satisfaction morale de l’accomplissement, la puissante vitalité de la solidarité et de la confiance.

Faisons dire à l’Histoire que nous avons été cette génération qui a rompu avec le bruit pour restaurer la Parole, qui a su se réengager pour se défaire de périls bien trop annoncés et (re)faire vivre un imaginaire collectif, optimiste et raisonnablement possible. Il en va de notre volonté de faire société ensemble.

(Les tribunes publiées sont sous la responsabilité de leurs auteurs et n'engagent pas CB News).