Où est passée la pop culture ?
De la difficulté de faire société dans un monde de communautés.
Vous écoutez votre podcast, vous regardez votre film ou votre série, vos voisin.e.s, vos ami.e.s, vos amoureux.ses écoutent et regardent autre chose. Jamais autant de contenu et jamais autant qui ne s’adressent exclusivement à des fanbases engagées. Dans ce magma culturel de la rentrée, aucun contenu original fédérateur.
Le podcast, véritable média du cœur, en est le parfait exemple. Des communautés ultra engagées partagent, s’abonnent, commentent, notent, participent et même créent, mais aucun d’entre eux n’a émergé au point d’être connu et apprécié de tous les français.
Côté films et séries, pas mieux. Les avatars de nos comptes partagés vivent les uns à côté des autres, en parallèle, sans se retrouver autour d’un contenu commun. C'est pourtant possible : 100% des français aiment les Bronzés font du ski et Intouchables.
La fragmentation était un concept mécanique, elle est devenue structurelle.
Dans les vieux pots…
Le confinement a accentué le repli vers nos valeurs émotionnelles refuges, des contenus “doudou” qu'on re-regarde à l’envi.
Quant à l’industrie Hollywoodienne, elle ne sait plus (ne veut plus ?) créer. On se contente, pour minimiser le risque industriel, de réinventer des hits pop-culturels qui rassurent les communautés bien boardées : prequels avec House of Dragons pour les fans de Fantasy, sequels avec Top Gun pour les nostalgiques du monde d’avant, renaissance quasi éternelle de Star Wars avec Obi-Wan, Resident Evil si vous aimez l’horreur, Le seigneur des anneaux, si vous aimez l’argent, spin-offs avec Vikings et autres multiverse Marvel à venir.
Bien sûr, les plateformes et les studios créent aussi des contenus originaux, parce qu’ils sont intrinsèquement liés au succès de leurs upcoming franchises. Mais ces contenus sont, dans la majorité des cas, liés à des communautés bien définies pour nourrir l’algorithme et proposer l’expérience la plus personnalisée possible - et donc prévisible d’un point de vue business.
Côté produit et Tech, défendre les vertus d’une page d'accueil qui correspond à son audience semble évident, quel que soit le support. Mais cela n’empêche pas de regretter - aujourd’hui plus que jamais - le film / la série / le podcast culte qui rassemble ceux qui s’aiment et ceux qui ne s’aiment pas.
(Les tribunes publiées sont sous la responsabilité de leurs auteurs et n'engagent pas CB News).