ClubHouse : tu viens dans ma room, baby ?

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Depuis quelques semaines, un nouveau réseau social 100% vocal enflamme les early adopters français. De Xavier Niel à Kev Adams en passant par Gabriel Attal, on s’échange les invitations sous le manteau, on se fait monter, on se mute, on rebondit les uns sur les autres : « Quoi, t’es pas encore sur Clubhouse ? » « T’as loupé une super room sur les micro-brands hier soir ». Aussi addictive que selective (elle est pour l’instant réservée aux possesseurs d’iphones), l’appli Clubhouse recrée en mode virtuel avec une UX particulièrement bien soignée les discussions de la machine à café, les débats enflammés au zinc des bistrots (qui nous manquent tant), la plénière d’une grande conférence, la libre-antenne de Difool, une réunion des Alcooliques Anonymes ou encore une table ronde d’experts autour d’un sujet.

Évidemment le succès foudroyant de ce nouveau réseau est d’abord étroitement lié au fait que tous les lieux de convivialité IRL sont fermés pour cause de COVID et que OUI ça fait du bien de parler avec des gens ! Ajoutons que sur ClubHouse, la bienveillance est de rigueur (contrairement à Twitter qui est devenu un vaste champ de bataille) et les trolls peu nombreux du fait de la procédure très stricte de parrainage (si la personne que vous parrainez se fait virer, vous êtes virés aussi). Autre raison du succès : la très grande simplicité de ClubHouse. Après avoir créé mon profil, je peux aller ouvrir un espace de discussion : Une ROOM » sur un sujet qui me tient à coeur. Très vite les premiers curieux arrivent dans le public sous forme de vignettes de profil et je peux choisir de leur donner la parole en les faisant monter sur scène.

Comme chaque nouveau réseau social, ClubHouse a déjà ses influenceurs spécifiques qui commencent à émerger. Comme dans les conférences, on les appelle des speakers et ils passent leurs journées à animer et modérer des rooms qui peuvent compter (en France) jusqu’à 500 participants (rarement plus pour le moment, la limite étant fixée à 5000 par l’appli). Citons par exemple Fadhila Brahimi qui se présente comme une « executive coach & personal branding strategist » et qui anime « L’apéro Detox » ainsi qu’un RDV hebdo « Leader’s voice ».

Mais la vraie star française incontestée du réseau c’est Anthony Bourbon, fondateur de la marque de substitut alimentaire Feed. Arrivé très tôt sur l’appli, cet entrepreneur a littéralement lancé une OPA sur la communauté ClubHouse française avec pas moins de 7 rooms hebdomadaires et de nombreuses rooms événementielles aux titres évocateurs comme « Faire 20M€ de CA en vendant des bougies » ou « viens pitcher ton projet devant des pros ». Résultat il affiche près de 17.000 followers et sa marque régulièrement évoquée dans ses rooms a trouvé un écho parfait auprès de la cible de early adopters de la tech pour qui se faire un bon gueuleton est une perte de temps. Encore plus fort, Anthony Bourbon a réussi à embarquer les collaborateurs de Feed qui affichent tous fièrement le logo rouge de la marque sur leur photo de profil. Un premier exemple de brand content réussi sur ce nouveau réseau social ! Dans un registre plus épicurien, Edouard Margain, COO d’un grand caviste vient de créer un club au nom de sa marque : LAVINIA, club qui proposera de nombreuses room thématiques pour les passionnés de vins et des découvertes de domaines en compagnie des vignerons.

En revanche, dans la clubhousesphère francophone, on ne parle pas encore de beauté. Des marques d’habitude plutôt aventurières sur les nouveaux réseaux, comme Séphora ou Yves Rocher n’ont pas encore créé leur profil. Le territoire est toujours vierge et il y aura certainement une prime énorme aux premiers créateurs des rooms make up ou skin care. Reste à déterminer qui prendra la parole au nom de chaque marque, puisque sur ClubHouse, seul la voix compte !

En attendant l’arrivée des marques, profitons du vrai charme des débuts de ClubHouse : à tout moment on peut se retrouver dans une petite room avec des personnalités totalement inattendues que l’on n’aurait sans doute jamais croisées autrement. Oui, j’ai parlé musique avec Louis Bertignac, camembert avec la sénatrice de l’Orne Nathalie Goulet, je me suis fait charrier par le comédien Ary Abittan… Sur la room « On y connait rien mais on en parle quand même » de l’humoriste Justine Paolini, on se félicite de la simplicité de ClubHouse versus le bling bling d’Instagram. Dans ce nouveau réseau, où l’image est bannie, tout le monde semble sur un pied d’égalité, mais jusqu’à quand ? On ne le saura peut-être jamais : la fin du COVID et la ré-ouverture des terrasses des cafés pourrait bien siffler la fin des rooms et « muter » ClubHouse à jamais au profit de la vraie vie.

(Les tribunes publiées sont sous la responsabilité de leurs auteurs et n'engagent pas CB News).

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