Désinformation : X (ex Twitter) inquiète Bruxelles
Bruxelles s'est inquiété mardi du taux de désinformation sur le réseau social X (anciennement Twitter) et a appelé l'ensemble des grandes plateformes à mieux lutter contre les manipulations russes, craignant qu'elles s'intensifient avant les élections européennes.
La vice-présidente de la Commission européenne, Vera Jourova, a épinglé les mauvais résultats de X lors de tests, durant une conférence de presse. Elle présentait les rapports fournis par des grandes plateformes en ligne décrivant leurs efforts contre la désinformation sur une période de six mois, dans le cadre du code de bonnes pratiques de l'UE. Ce code, lancé en 2018, regroupe 44 signataires volontaires, des géants comme Meta (Facebook, WhatsApp), Google (YouTube) ou TikTok, mais aussi de plus petites plateformes, ainsi que des professionnels de la publicité, des fact-checkeurs et des ONG. Pour mesurer la désinformation en ligne, les signataires ont créé des indicateurs et lancé une phase de test dans trois États membres (Espagne, Pologne et Slovaquie). Le test montre que la plateforme X, qui a quitté le code de bonnes pratiques en mai, est celle qui affiche "le taux le plus élevé de fausses informations et de désinformation dans ses publications", a souligné Vera Jourova.
Intensifier la lutte
Le propriétaire du réseau social, Elon Musk, "sait qu'il n'est pas tiré d'affaire simplement parce qu'il a quitté le code de bonnes pratiques", a-t-elle déclaré. "Vous devez respecter la loi, nous surveillerons ce que vous faites", lui a-t-elle lancé, faisant référence à la nouvelle réglementation sur les services numériques ("Digital Services Act", DSA). Le DSA contraint les plateformes à déployer des efforts contre la désinformation sous peine d'amendes pouvant atteindre 6% de leur chiffre d'affaires mondial. Mme Jourova a demandé à toutes les plateformes d'intensifier la lutte contre la désinformation russe avant des élections nationales en Slovaquie et en Pologne, ainsi que dans la perspective des élections européennes en juin prochain. Dans son rapport, Google a souligné que sa plateforme de partage de vidéos YouTube avait désactivé de janvier à avril 400 chaînes impliquées dans des opérations d'influence liées à l'Etat russe.
Meta a rapporté avoir étendu ses partenariats de fact-checking à 26 partenaires pour couvrir 22 langues de l'Union européenne, y compris désormais le tchèque et le slovaque. TikTok a annoncé avoir vérifié 832 vidéos liées à la guerre en Ukraine, ce qui a conduit au retrait de 211 d'entre elles. Parmi les contenus retirés par les plateformes, le "narratif russe" est "très dominant", a expliqué Vera Jourova. De nombreuses fausses informations s'attaquent par ailleurs aux migrants, à la transition écologique de l'Union européenne ou aux minorités sexuelles (LGBT...), a-t-elle précisé.