Valeurs Actuelles vs le collectif Sleeping Giants

justice

La société Valmonde et Cie, propriétaire de Valeurs actuelles, a porté plainte vendredi dernier contre le collectif Sleeping Giants pour "discrimination" devant le tribunal judiciaire de Paris, a annoncé l'hebdomadaire, boycotté par des "centaines" d'annonceurs ayant selon lui "cédé" aux "pressions" de cyberactivistes anonymes. Sleeping Giants, qui se présente comme un "collectif citoyen de lutte contre le financement du discours de haine", né aux Etats-Unis après l'élection de Donald Trump, interpelle sur les réseaux sociaux les annonceurs des médias très à droite ou véhiculant des discours racistes, xénophobes, homophobes, etc., dans le but d'assécher leurs financements publicitaires.    Active depuis 2017, la branche française du collectif (27.000 abonnés sur Twitter) a notamment visé, outre Valeurs actuelles, CNews et le site d'extrême droite Boulevard Voltaire. Mais l'hebdomadaire revendique le droit de ne pas partager les "idées progressistes" du collectif, dénonçant une  "campagne de sabotage industriel" et de "méthodes outrancières" auxquelles ont "cédé" des "centaines de grandes entreprises" dont Toyota, Nike ou Decathlon. Sa plainte "a pour objet de dénoncer des faits de discrimination, à raison des opinions politiques, et de nature à entraver l'exercice normal d'une activité économique", explique l'hebdomadaire sur son site, citant "le courrier adressé au Procureur de la République". Elle a été déposée "vendredi dernier", a précisé à l'AFP le directeur de publication de Valeurs Actuelles, Erik Monjalous, qui "n'accepte pas que des gens anonymes appellent au boycott d'un titre IPG" (presse d'Information politique et générale). Les Sleeping Giants "ne sont peut-être pas d'accord avec" Valeurs actuelles, "c'est tout à fait leur droit, mais l'appel au boycott est totalement illégal", estime Erik Monjalous, pour qui les pertes de revenus publicitaires subies par l'hebdomadaire sont "très difficiles à quantifier". CNews a également décidé de contre-attaquer. Sollicitée par l'AFP, la chaîne d'information du groupe Canal+ a reconnu "l'existence d'une plainte" à l'encontre de Sleeping Giants, confirmant une information de Valeurs actuelles. Contacté par l'AFP, un porte-parole du collectif, Daniel, a assuré ne "rien" savoir "de plus" sur la plainte que ce qu'"a écrit" le magazine. Considérant que la "ligne éditoriale" de Valeurs actuelles est "nauséabonde, clivante, qu'elle exacerbe les tensions" et "va à l'encontre des valeurs éthiques de beaucoup de marques", le collectif alerte celles dont les publicités se retrouvent sur le site de l'hebdomadaire, ce qu'elles ne savent pas forcément. Libre à elles de se retirer ou non. "On n'insiste jamais", assure Daniel. En avril, la régie publicitaire de Valeurs actuelles sur internet, la société israélienne Taboola, a mis fin à sa collaboration avec l'hebdomadaire. En cause, la publication controversée, fin août, d'une "politique fiction" dépeignant la députée LFI Danièle Obono en esclave.

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