Réforme audiovisuel public : il est urgent d’attendre
Nouveau coup de frein pour le projet de réforme de l'audiovisuel public : son examen dans l'hémicycle, initialement prévu vendredi à l'Assemblée nationale, a été reporté sine die en raison d'un programme très chargé, a-t-on appris mercredi de source gouvernementale.
Le gouvernement a retiré le texte de l'ordre du jour de la fin de semaine, la priorité étant de terminer l'examen du projet de loi de simplification de la vie économique et de ses 2.000 amendements, selon cette source. "Ce n'est pas vraiment une surprise, c'est du pragmatisme", a réagi le ministère de la Culture, sollicité par l'AFP. "Cela ne remet en rien en cause la volonté du gouvernement et de la majorité d'avancer sur la réforme de l'audiovisuel public", a-t-il insisté. Selon lui, une nouvelle date d'examen en séance publique "va être fixée au plus vite, avant l'été".
Ce report n'en allonge pas moins la série d'obstacles déjà rencontrés par le projet, qui vise à créer une holding, France Médias, chapeautant France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un(e) président(e). Déjà validée en première lecture au Sénat en 2023, la proposition de loi n'a pu être adoptée mardi soir en commission des Affaires culturelles à l'Assemblée nationale faute de temps, les députés ayant discuté une grosse centaine d'amendements sur plus de 1.600. Mais une "large majorité a voté la disposition qui crée la holding exécutive au 1er janvier 2026", insiste le ministère.
L'examen du texte avait été interrompu le 1er avril après un incident qui avait opposé la ministre de la Culture à une fonctionnaire de l'Assemblée. Il n'y a eu ni "agression", ni "insultes", ni "menaces", avait assuré Rachida Dati le lendemain devant la commission, alors que sa présidente Fatiha Keloua Hachi (PS) attendait des excuses, en pointant "des faits graves". Les travaux n'avaient pu reprendre. Serpent de mer relancé par Mme Dati à son arrivée au ministère début 2024, le projet d'origine prévoyait carrément une fusion des sociétés, dans une sorte de BBC à la française, mais il a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée à l'été. Un préavis de grève est maintenu jeudi et vendredi à France Télévisions et Radio France, afin d'"enfoncer un nouveau clou dans le cercueil de la holding", selon des communiqués de leurs syndicats.