Mediapart : 10 ans et des projets
Mediapart affiche de bons résultats financiers et compte 140.000 abonnés dix ans après son lancement, ont indiqué mardi les fondateurs du site, qui préparent leur succession. Le site a ainsi enregistré un bénéfice net de près de 2,2 millions d'euros en 2017 (+16% sur un an), pour un chiffre d'affaires de près de 13,7 millions d'euros (+20%). Sans subventions et sans publicité, le média en ligne "a pour seule ressource l'abonnement de ses lecteurs", indique la nouvelle charte de déontologie adoptée par Mediapart début 2018. Dans un secteur de la presse en crise, le site est bénéficiaire depuis trois ans, et même sept ans si l'on exclut l'important redressement fiscal dont il a fait l'objet après avoir revendiqué et s'être appliqué un taux de TVA réduit, réservé jusqu'en 2014 à la presse papier. Dans les prochains mois, Mediapart devrait renforcer sa couverture de la santé et de l'environnement, a indiqué son équipe lors de la conférence de presse annuelle du journal. Le site va également renforcer ses contenus vidéos, en reprenant la diffusion de son émission hebdomadaire en direct, prélude à une "Mediapart TV" qui pourrait être diffusée prochainement sur les box (en accès payant), a indiqué le cofondateur François Bonnet.
Sous l’égide d’un fonds de dotation
Les fondateurs préparent leur succession à la tête du journal, qui pourrait avoir lieu dès 2018, selon le patron Edwy Plenel. François Bonnet a laissé lundi la direction éditoriale à un duo composé de Carine Fouteau, 43 ans, et Stéphane Alliès, 39 ans. Le site se prépare en outre à changer d'organisation, en passant sous l'égide d'un "fonds de dotation", sorte de fondation à but non lucratif qui le rendrait incessible, après le rachat des parts que détiennent encore les fondateurs et des investisseurs présents au lancement. "Notre scénario juridique est prêt, il suffit que l'administration fiscale donne son accord pour cette nouveauté, imaginée d'abord pour la culture. La réponse doit intervenir au plus tard en avril", a précisé Edwy Plenel à l'AFP. Mediapart réfléchit aussi à changer de murs : le site s'est porté candidat pour rejoindre une future "Maison de la liberté de la presse", qui regrouperait à Paris plusieurs médias indépendants (Alteréco, Bastamag, Politis, la revue Esprit) et proposerait des évènements ouverts au public. Par ailleurs, Mediapart soutient financièrement trois sites indépendants : Marsactu, Médiacités et l'espagnol Infolibre.
Le site employait 76 salariés en CDI début 2018, dont 35 femmes, sur un total de 83 collaborateurs. Les journalistes ont adopté une charte de déontologie qui interdit les "ménages", cadeaux ou voyages de presse. Par souci de transparence, les journalistes ont adopté l'idée d'une déclaration d'intérêts, semblables à celle des responsables publics (rémunérations extérieures, participations financières, adhésion à un parti, mais aussi profession du conjoint). Leur grille de salaires va également être publiée. Mediapart fêtera ses dix ans avec ses lecteurs les 16 et 17 mars au Centquatre, à Paris, avec des conférences et débats.