Méfiance envers les médias : “Il faut ouvrir nos rédactions”, selon Marie Boëton
En premier choix, les Français ne se tournent ni vers la télévision, ni la radio ou la presse écrite pour s’informer en toute confiance. Ils sont près de 71% à se diriger avant tout vers leurs proches, révèle le baromètre annuel La Croix-Kantar sur la confiance des Français dans les médias dont CB News a rendu compte dans ses colonnes mercredi matin. Présentée officiellement en ouverture de l'événement Médias en Seine le 22 novembre, l’étude met à mal la place des journalistes auprès de l’opinion publique. Pour y remédier, des spécialistes de l’information ont dévoilé des pistes de réflexions mercredi matin, suite à la présentation de l'étude, à la Maison de la Radio et de la Musique.
À commencer par la grand reporter à La Croix Marie Boëton qui a également participé à cette enquête. “Il faut ouvrir nos rédactions”, insiste la journaliste. L’objectif ? Avoir plus de transparence avec le public. Pour y parvenir, il faut questionner des méthodes journalistiques comme la pratique du “off” en politique. Pour aller plus loin dans cette transparence, Marie Boëton souligne aussi la nécessité d’oser des formats nouveaux. Elle évoque notamment la prise de position des journalistes dans La Croix l’Hebdo. À la première page du dossier consacré au baromètre sur la méfiance envers les médias, en kiosque ce 23 novembre, un aparté “Pourquoi nous l’avons fait ?” justifie la réalisation du sujet par le média.
Une position partagée par le reste de la table-ronde composée de Nathalie Sonnac, professeure spécialiste des médias et de l’éducation aux médias, Nicolas Charbonneau, directeur des rédactions Le Parisien-Aujourd’hui en France et Jean-Philippe Baille, directeur de l’information de Radio France et de franceinfo. Ce dernier estime qu’il faut “expliquer comment les journalistes travaillent et leurs difficultés”. Il prend l’exemple de l’impossibilité des journalistes d’être partout sur le terrain. Parfois en raison du contexte géopolitique comme Gaza, territoire où une guerre entre le Hamas et Israël. Pourtant, il est aujourd’hui “compliqué d’y entrer sans l’armée israélienne”, regrette Jean-Philippe Baille.
Le prix de l’information
Le directeur de l’information de Radio France relève également le coût nécessaire pour envoyer des journalistes sur le terrain. Alors que le “terrain est essentiel” pour produire une information de qualité, cela implique un coût financier. Un prix que les Français sont réticents à financer : 74% des plus de 35 ans disent ne pas être prêts à payer pour s’informer, contre seulement 45% des plus jeunes, selon l’étude La Croix-Kantar.
Nathalie Sonnac ajoute : “les réseaux sociaux ont fait croire que l’on pouvait s’informer gratuitement, or une information de qualité à un prix.” Un constat encore partagé par le baromètre : seulement 18% des interrogés dépensent actuellement de l’argent pour s’informer. La solution pour les journalistes commence selon l’enseignante par “se différencier” dans les contenus.