Maxime Saada : le groupe Canal+ contribue « largement au pluralisme »
Maxime Saada, président du directoire du groupe Canal+, a eu vendredi une matinée tendue. Devant la Commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias en France, le dirigeant a bien tenté d’avancer que « le marché français des médias était bien moins concentré que dans le passé » et qu’en distribuant plus de 230 chaines, « nous contribuons largement au pluralisme », mais il était renvoyé à la situation et l’image de la chaine d’information de son groupe, CNews. Visiblement agacé par les questions de David Assouline, sénateur et rapporteur de la commission d’enquête, M. Saada rétorque que CNews c’est seulement « 0,4% du chiffre d’affaires de Canal+ » qu’il « ne passe (donc) pas tout son temps » sur cette entité du groupe. Soulignant au passage « je suis un gestionnaire, pas un idéologue », il rappelle aussi que la chaine d’info perdait 33 millions € et que la volonté du groupe n’était pas de tenter de rivaliser avec BFMTV « qui fait du bon travail », autour des breaking news. Avec CNews, « nous sommes dans une logique de durée d’écoute, c’est une chaine de débats, pas d’opinions, où tous peuvent s’exprimer. Les téléspectateurs s’y retrouvent ». Interrogé sur le temps de parole équitable qui ne serait pas respecté par la chaine, le président du directoire du groupe Canal+ s’emporte : « au 31 décembre 2021, nous avons respecté ces temps de parole. Que l’on nous juge sur une année complète ».
« La France n’est pas forcément un marché attractif pour nous »
Par ailleurs interrogé sur le rôle de l’actionnaire dans son management, Maxime Saada met en avant un « vision partagée » avec Vincent Bolloré pour faire rayonner la culture française et européenne par-delà leurs frontières. « C’est la seule alternative par rapport à l’hégémonie américaine », plaide-t-il. Pour lui, aussi, le « temps qui nous ai laissé. Chez Canal+, nous ne sommes pas soumis à la règle du cours de Bourse. S’inscrire dans le temps est crucial », relève-t-il encore. M. Saada réitère et « ne voit pas de problème de concentration des médias en France ». Car vis-à-vis des plateformes de SVOD, notamment, la bataille de la distribution c’est de « coexister avec Netflix » que son groupe distribue par ailleurs. « Mes concurrents sont aussi mes partenaires, c’est comme disent les Américains, the story of my life », plaisante-t-il. Et puis « mes équipes me disent de cesser de raconter que je regarde Netflix chez moi » et il insiste : avec « 30-40 millions d’abonnés, Canal+ peut résister à Netflix » Pour cela, « il nous faut être une alternative, pérenniser nos investissements, ce qui nécessite aussi d’avoir une taille critique et de se développer à l’international », argumente-t-il. Parce que pour Canal+, « la France n’est pas forcément un marché attractif » alors qu’il a investi 3,4 milliards € dans les contenus dans le monde en 2021. Quoi qu’il en soit, à l’horizon 2025, l’objectif affiché du dirigeant est d’atteindre les 30 millions d’abonnés. En attendant, prenant l’exemple du film réalisé par Martin Scorsese pour Netflix, The Irishman, Maxime Saada a fait son calcul : il a coûté 60 centimes € par abonnés à Netflix. Le même film chez Canal+ aurait coûté 6 € par abonné. « Notre position est marginale dans la vidéo face au monde », constate Maxime Saada. Un même argument, à l’image de son principal actionnaire Vincent Bolloré qui, devant cette même commission d’enquête le 19 janvier, présentait Vivendi comme « un nain » face aux Gafa’s et autres groupes médiatiques mondiaux.