Gilles Pélisson (TF1) : « c’est sur les contenus locaux que nous voulons concurrencer les plateformes »
A l’heure où le temps médiatique français se décline à l’aune du rapprochement annoncé de TF1 et M6, l’audition lundi du président du groupe TF1, Gilles Pélisson, devant la commission sur la concentration des médias, se posait en moment fort de la séquence sénatoriale. Tout en maitrise de son argumentaire, le dirigeant a justifié cette fusion à venir, pêle-mêle, par des Durées d’écoutes Individuelles (DEI) de moins en moins fringantes, « sous les 3 heures par jour pour les 25-49 ans » en France, insiste-t-il, alors que les projections publicitaires américaines font état, à 5 ans, d’une chute des investissements sur le linéaire de 58 milliards $ à 44 milliards $. Et même des DEI qui, toujours Outre-Atlantique, seraient à terme d’un peu plus de 2h, seulement. De même, le poids de plateformes, Netflix en tête, entraine une progression notable des prix de production des fictions alors que parallèlement, sur le web, le trio Facebook, Google, Amazon truste le marché publicitaire français. « C’est l’effet ciseau dans lequel nous sommes », pointe-t-il. Dès lors, cette fusion annoncée TF1/M6 aurait tout son sens. Mais, assène-t-il devant les sénateurs, « c’est sur les contenus locaux que nous voulons concurrencer les plateformes ». Et de prendre l’exemple de la série portée par Audrey Fleurot, « HPI », vendue dans 68 pays et qui vient de faire un prime time sur la RAI. « C’est ce qui me donne envie de continuer », souligne Gilles Pélisson, qui précise : « on peut peser sur le territoire national ».
Paris Première, Gulli, 6ter et TFX en vente
A la question de savoir si à deux, le nouvel ensemble TF1/M6 ne serait pas monopolistique, Gilles Pélisson botte en touche : « nous serions plus petit que France Télévisions, en termes d’investissements dans le sport, la fiction et l’information ». Quoi qu’il en soit, pour mener ce rapprochement jusqu’à son terme, il faudra au duo se délester de quatre de ses chaines actuelles afin d’être en ligne avec la loi qui veut qu’un groupe audiovisuel ne puisse détenir plus de 7 chaines. « Les négociations sont en cours », indique le président du groupe TF1, qui rappelle que sont concernées les chaines Paris Première, Gulli et 6ter du groupe M6 et TFX du groupe TF1. Des discussions qui pourraient selon lui aboutir « d’ici mars-avril » afin de se présenter devant l’ARCOM dans les règles en octobre-novembre prochain. Quant à savoir si l’alliage TF1/M6 pourrait profiter de sa force pour faire grimper les tarifs publicitaires, Gilles Pélisson se veut rassurant : les deux régies devraient restées distinctes, et « nous n’aurions aucun intérêt à vendre nos espaces de plus en plus chers, ça n’aurait aucun sens. Nous n’avons aucune intention de le faire ».