France Télévisions : Bruno Patino défend son bilan

Le directeur général délégué aux programmes du groupe public assume sa part de responsabilité dans l'échec de l'access mais estime qu'il y a aussi "des raisons de se réjouir" sur le prime et la fiction.

En cette période chahutée dans l'audiovisuel public, il était forcément un peu attendu au tournant Bruno Patino, le directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions. Reçu par l'Association des journalistes médias (AJM), il a joué la transparence jusqu'à un certain point : "France 2 a foiré son access prime-time de rentrée", a-t-il ainsi reconnu, tout en soulignant qu'il y avait "des raisons de se réjouir", faisant ainsi référence aux premières parties de soirée et à la fiction. "C'est un échec collectif, on s'est tous responsabilisé. C'est l'échec d'une chaîne, c'est mon échec aussi". Evoquant le sujet qui fâche, l'émission "Jusqu'ici tout va bien" animée par Sofia Aram, M. Patino joue la sérénité : "Sophia est quelqu'un de bien. Que son émission n'était pas réussie, on a eu l'occasion de lui dire à elle et à son producteur". "Qu'il y ait eu une série de dysfonctionnements, c'est une évidence. La chaîne a assumé la prise de risque". Si l'audience de "Jusqu'ici tout va bien" monte légèrement depuis que des modifications on été apportées, "c'est un niveau encore largement insuffisant pour ce que doit être cette tranche horaire de France 2", relève la directeur général délégué. "Une décision est prise avec Thierry (Thuillier, le nouveau directeur des programmes de France 2, ndlr) de retravailler pour transformer l'access en janvier", a-t-il poursuivi.

Clarté aux programmes

Bruno Patino est également revenu sur les récentes déclarations du président du CSA Olivier Schrameck qui pointait le manque de clarté sur les positionnements de France Ô et France 3. Pour la première, "je revendique la clarté de sa ligne éditoriale : une approche ultra-marine ouverte sur le monde", explique-t-il. "Qu'il y ait débat, c'est normal", ajoute-t-il. "Mais ce n'est pas un débat sur la clarté de la ligne, mais sur la ligne elle-même". Pour France 3, M. Patino reste droit dans ses bottes : "la ligne éditoriale de France 3 est assez claire. Populaire et culturelle, ancrée dans un rapport aux territoire à un moment donné. France 3 nationale, la façon dont elle se développe, a une ligne d'une grande clarté". Interrogé par ailleurs sur le contrôle accru que le CSA entendait exercer sur le groupe public France Télévisions, il a souligné que "la nouvelle loi sur l'audiovisuel donne de nouvelle prérogatives au CSA". "On verra comment se passe le dialogue avec le CSA quand la loi sera promulguée, mais le dialogue avec le CSA est déjà fréquent et ce n'est pas une nouveauté". La loi qui réforme le mode de nomination des présidents de l'audiovisuel public et des membres d'un CSA aux pouvoirs élargis devrait être promulguée le 14 novembre prochain.

France 4 va "graduellement" changer

Au sujet de France 4, le directeur général délégué de France Télévisions explique qu'elle "va graduellement changer sur le 1er trimestre 2014 avec une formule renouvelée" faisant à la fois la part belle aux programmes jeunesse et aux "nouvelles écritures". Rejetant l'idée d'une chaîne "expérimentale" ou même "laboratoire" souvent accolée au projet, France 4 nouvelle manière ne sera "pas une nouvelle chaîne". Sans être, donc, dans "l'idée d'un big bang", elle proposera un nouvel habillage "en mars prochain" pour une identité que "l'on espère cohérente", ambitionne M. Patino.

Numérique : le retard "rattrapé" et les ambitions

Sur le numérique, également de la compétence de Bruno Patino au sein du groupe France Télévision, la marche en avant se poursuit avec un budget de 55 millions d'euros qu'il souhaite "pas réduit, mais au moins maintenu". "Nous avons franchi deux étapes et la 3ème est en cours", affirme-t-il. "Nous avons premièrement rattraper le retard (la mise à disposition d'images, présence du digital dans l'info, le sport, etc.) et nous avons deuxièmement articulé trois choses : la création d'un univers autour de la catch-up ; l'entrée dans l'univers de la social TV ; la préparation de la TV connectée". Prochainement (décembre 2013 ou janvier 2014), France TV info proposera des innovations, la plateforme Jeunesse sera développée et la catch-up bénéficiera d'une refonte.

Candidat à rien

Enfin, Bruno Patino a évoqué la situation pour le moins délicate au sein du groupe France Télévisions. "Nous sommes dans un moment compliqué. Tout le monde souhaite que le plan de départs volontaires se négocie", assure-t-il. "J'espère que la dynamique de la suspension de la grève n'est pas rompue". Il souligne également que "dans le plan, il y a de quoi apaiser les craintes". Puis, rappelant la genèse de la constitution du groupe France Télévisions, il explique que "l'entreprise unique a été une réel bouleversement de la structure. Un tel bouleversement ne peut pas se faire en un an, un an et demi. Il y a des ondes de chocs durables pour les salariés, bien sûr. Les gens se mobilisent plus pour une chaîne que pour un groupe", conclut-il. Sur la rumeur envoyant Bruno Patino à la présidence de Radio France, l'intéressé dit qu'il "n'est candidat à rien", pas plus qu'il n'est "en campagne".

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