Eco-conception digitale : il est “urgent d’agir” pour les sites de e-commerce

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Ce n’est plus un secret : bien qu’il soit un vecteur de progrès, le digital impacte l'environnement. Celui-ci représentera 5 à 6 % de l’empreinte de gaz à effet de serre mondial en 2025. Ce qui équivaut à l’impact du secteur aérien… avant le Covid.

Le poids d'une page web pollue énormément, raison pour laquelle il est crucial de considérer le sujet de l’éco-conception digitale - voir même “d’en faire une priorité”, explique Ombeline Nguyen, directrice des stratégies et data de Razorfish France, dans le cadre de la présentation du 2e baromètre* de Razorfish (Publicis) portant sur l’éco-conception digitale**. Anne Imbert, EVP marque, sponsoring et contenus du groupe Orange, a elle aussi un avis tranché sur la question “ce n’est plus un acte différenciant, ce doit être la norme” - le groupe s’engage à être Net Zéro Carbone d’ici 2040.

Cette année, aux côtés de GreenIT, l’agence a passé au crible les sites des entreprises du CAC40, des e-commerçants, et pour la première fois, de 28 licornes françaises. Selon le rapport, les entreprises du CAC 40 sont plus performantes en matière d’éco-conception digitale, par rapport aux sites de e-commerce - pour qui “il est urgent d’agir” alarme Ombeline Nguyen - et les licornes qui avancent timidement.

Les résultats 

La moyenne de l’ensemble des sites est en légère progression en 2023, avec un score de 32 sur 100 (+3 pts vs 2022). Nous pourrions penser que ce n’est pas si mal, car après tout, ça reste une augmentation. Mais pas vraiment, puisque nous sommes en dessous de la moyenne - “il y a encore une bonne marge de progression à avoir”, déplore Ombeline Nguyen.

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Le e-commerce ne s’est pas du tout emparé du sujet

Le secteur représente 7 millions de kg de CO2 de gaz à effet de serre, “soit l’équivalent de 1 007 tours du monde”, rappelle Frédéric Bordage. Ce qui ressort du rapport, c’est que beaucoup de sites sont classés “E”. Trainline se démarque tout de même, suivi de Leclerc Drive, Uber Eats et Ebay.  Leclerc, AliExpress, Air France, Booking.com, AirBnB et Etsy viennent compléter le podium. En tout cas, sur les 40 sites analysés, 35 sont classés E,F ou G.

Mais alors, si les scores sont si bas, est-ce parce qu’il est trop compliqué de mettre en place une stratégie d’éco-conception ? Est-ce une question de priorité ? Pour Ombeline Nguyen, “rien ne justifie cette explosion. Il n’y a pas de fatalité d’un secteur à l’autre, on peut avoir de meilleurs scores”. Avec un score de 23/100, le e-commerce impacte encore beaucoup l’environnement. Toutefois, les secteurs les moins lourds sont ceux du voyage / transport (36/100) et de la distribution alimentaire (31/100). 

Les licornes “font mieux”

On se serait attendu à une avance un peu moins timide de leur part”, attaque d’emblée Ombeline Nguyen, en annonçant son score : 36/100, soit une note de E. Le podium place NW Groupe en première position, suivi de Meero, Deezer, Lydia, Ecovadis, Payfit, Blablacar, Talend, Voodoo et enfin Exocet. 

Une vraie prise de conscience du CAC 40 

Ici, pas de petite progression. En effet, les sites analysés enregistrent une moyenne de 40/100, soit une note de D (+ 6 points vs 2022). Et là, “ce n’est pas les meilleurs qui sont devenus meilleurs, c’est un phénomène général”, explique Ombeline Nguyen. En effet, 75 % des sites corporate du CAC40 ont vu leur score progresser, quel que soit le secteur industriel. En première place du podium, vous retrouvons Unibail-RW, suivi d'ArcelorMittal, Engie et Publicis Groupe. Essilor, Luxottica, Crédit Agricole, Axa, Orange et TotalEnergies Vinci complètent le top 10.

Réduire son empreinte carbone impacte-t-il le business ? 

Anne Imbert explique que “ce n’est pas simple” de réduire son impact, de par “les aspects techniques et fonctionnels”. Pour autant, elle raconte qu’Orange n’a pas eu d’impacts négatifs vis-à-vis de l'audience, le groupe a même constaté “une amélioration du taux de rebond”. Frédéric Bordage déplore de son côté qu’il y a “une véritable incompréhension du sujet”, car on va avoir tendance à associer éco-conception digitale avec prix coûteux et gros efforts. Alors qu'il faudrait voir le problème à l'envers "il s’agit-là d’un sujet de survie” pour les marques, conclue-t-il.

*Méthodologie

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** C’est, selon les dires de Frédéric Bordage, fondateur du collectif GreenIT.fr, “le fait de proposer des expériences en ligne qui soient aussi bonnes sinon meilleures, mais avec moins de ressources”. 

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