28 fois plus d'articles de presse utilisant le terme « féminicide » en 2022 qu'en 2017
Le traitement médiatique des féminicides s'est "globalement amélioré" en cinq ans dans la presse écrite, selon une étude publiée lundi par le collectif féministe #Noustoutes, qui pointe toutefois une récupération croissante à des "fins racistes et xénophobes".
Pour cette étude intitulée "Médias et féminicides: le temps presse", l'organisation précise avoir analysé 4.493 articles de presse écrite, publiés en 2017 et 2022 en sélectionnant cinq mots clés (féminicide/s, meurtre et femme, assassinat et femme, macabre découverte et femme, tuée et femme). "Le traitement médiatique s'est globalement amélioré entre 2017 et 2022, avec une politisation croissante des féminicides", à savoir "le meurtre ou le suicide forcé d'une femme en raison de son genre", peut-on lire dans ce rapport. Le concept de féminicide a notamment "connu une véritable percée médiatique en cinq ans", avec 28 fois plus d'articles utilisant ce terme en 2022 qu'en 2017. Les biais sexistes ont quant à eux diminué, selon les résultats de l'étude, qui évoque "moins de culpabilisation ou de déshumanisation des victimes, d'essentialisation de ces dernières à leur rôle familial, de romantisation du féminicide et de valorisation de l'auteur."
Si en 2017 comme en 2022, un tiers des articles sur les féminicides analysés appartiennent à la catégorie "faits divers", la part des articles catégorisés sous le tag "société" a "presque triplé en cinq ans" (5% en 2017, par rapport à 13% en 2022). Cette évolution est un "progrès", estime #Noustoutes, "dans la mesure où il peut entraîner à la fois une conscientisation des mécanismes des violences et donc la protection des victimes potentielles, ainsi qu'un changement dans les attentes de la société envers les pouvoirs publics." Si les féminicides ont gagné en visibilité médiatique, ce sont toutefois majoritairement les féminicides conjugaux, relève le collectif. La proportion des articles dédiés à des féminicides non conjugaux est, elle, passée "de 47% en 2017 à 11%", invisibilisant "près d'un quart des féminicides commis dans la famille, sur le lieu de travail, dans la rue, etc." Pour le collectif, l'étude "met également en évidence l'émergence d'un phénomène alarmant d'instrumentalisation" du concept de féminicide, avec une récupération du discours féministe "à des fins racistes et xénophobes, avec l'apparition du terme de francocide". Selon le décompte fait par #Noustoutes, 114 féminicides ont été commis depuis le début de l'année et plus d'un millier depuis l'arrivée à l'Elysée d'Emmanuel Macron en 2017. Selon les chiffres officiels, qui ne concernent que les féminicides conjugaux, 833 féminicides ont été commis entre 2017 et 2023.