Patrice Chatelus (Social and Stories) : « le besoin d’en finir avec les réunions zoom à 50 »
Confinée, la création n’en est pas moins innovante. Comment le secteur résiste et s’adapte à la crise ? On en parle avec Patrice Chatelus, directeur créatif de Social and Stories, l’agence social média et innovation éditoriale du groupe Figaro.
Comment Social and Stories imagine demain ?
La situation nous oblige à nous adapter en permanence, ce qui fait partie de notre ADN en tant que petite structure. Notre organisation de demain ressemblera donc à celle d’aujourd’hui. Il y aura évidemment un travail sur la justesse des messages et donc un besoin renforcé en planning stratégique (cela fait déjà plusieurs années que l’on parle d’engagement, de transparence, cette crise va accélérer ce mouvement en espérant qu’on évitera le Corona washing). Du point de vue de la création, cela peut être aussi libérateur. Nous allons avoir besoin de sortir de cette crise par le haut, en redonnant de la confiance, en essayant de redonner le sourire et surtout en retrouvant les bars, nos alliés créatifs de toujours.
Comment vont vos clients ?
Évidemment c’est une période difficile, qui touche quasiment tous les secteurs. Nos clients sont donc en constante adaptation, partagés entre réagir dès maintenant et préparer l’avenir. Pour certains, ce sont plusieurs mois de travail qui sont complètement remis en question en termes de communication. Pour d’autres c’est une adaptation et un renforcement sur le social media. Ce que l’on note dans tous les cas, c’est le besoin d’être accompagné et de se projeter dans un temps long et surtout d’en finir avec les réunions zoom à 50.
La création doit-elle évoluer ?
Elle évolue en permanence. Cette crise ne fait que révéler sa résilience. Finalement, c’est plutôt la place qu’on lui donne qui sera amenée à évoluer ou non. La grosse surprise, c’est que les créas bossent tout seuls chez eux et arrivent même à sortir de belles idées. Incroyable non ? Comme quoi c’est pas mal de leur faire confiance. Il nous faut donc laisser la place à plus d’innovation, faire confiance aux idées et à ceux qui les conçoivent.
Comment la création peut-elle accompagner le monde d'après ?
Elle l’accompagne déjà. Par toutes les initiatives solidaires, par l’humour, par l’ensemble des idées que l’on voit tous les jours naître sur les réseaux. Tout le monde devient un peu créa pour le meilleur et pour le pire, cela nous montre que la création est avant tout un moyen de créer du lien. Qu’elle nous fasse rire ou qu’elle nous émeuve, nous aurons plus que jamais besoin de création pour nous évader, nous projeter vers l’avenir.
Les contenus sont partout, et beaucoup regardés en ce moment : comment se démarquer ?
Par l’authenticité. Nous avons toujours insisté sur l’importance des messages et de la compréhension des communautés. Le plus grand risque étant un opportunisme mal venu. Il faut donc se montrer humble. Ce n’est pas la peine de surfer sur toutes les tendances ou de tenter de devenir Mère Teresa. Et puis le confinement est bientôt fini, vivement le changement de brief.