Feu vert des pays de l'UE à une 1ère loi sur l'intelligence artificielle
Les Etats membres de l'Union européenne ont approuvé le 2 février une législation inédite au niveau mondial pour réguler l'intelligence artificielle (IA) qui a suscité jusqu'au bout d'intenses négociations, a annoncé la présidence belge du Conseil de l'UE. Lors d'une réunion vendredi, les ambassadeurs des Vingt-Sept ont "confirmé à l'unanimité" l'accord politique trouvé en décembre dernier entre les Etats membres et les eurodéputés, a-t-elle indiqué sur X (ex-Twitter), à l'unisson de plusieurs sources diplomatiques.
Sur les IA génératives, des règles s'imposeront à tous pour s'assurer de la qualité des données utilisées dans la mise au point des algorithmes et pour vérifier qu'ils ne violent pas la législation sur les droits d'auteur. Les développeurs devront par ailleurs s'assurer que les sons, images et textes produits seront bien identifiés comme artificiels. Des contraintes renforcées s'appliqueront aux seuls systèmes les plus puissants. Les systèmes jugés à "haut risque" --dans des domaines sensibles comme les infrastructures critiques, l'éducation, les ressources humaines, le maintien de l'ordre... -- seront soumis à une série d'obligations comme celles de prévoir un contrôle humain sur la machine, l'établissement d'une documentation technique, ou encore la mise en place d'un système de gestion du risque.
Le commissaire européen Thierry Breton, en charge du dossier, a salué une règlementation "historique, une première mondiale". "La loi sur l'IA a déchaîné les passions, et à juste titre! Aujourd'hui, les États membres ont approuvé l'accord politique de décembre, reconnaissant l'équilibre parfait trouvé par les négociateurs entre l'innovation et la sécurité", a-t-il déclaré.
L'impact ChatGPT
La Commission européenne avait présenté son projet d'"Acte IA" en avril 2021. Mais l'apparition fin 2022 de ChatGPT, de la start-up californienne OpenAI, capable de rédiger des dissertations, des poèmes ou des traductions en quelques secondes, lui a donné une nouvelle dimension et provoqué l'accélération des discussions. Ce système, comme ceux capables de créer des sons ou des images, ont révélé au grand public le potentiel immense de l'IA. Mais aussi certains risques: la diffusion sur les réseaux sociaux de fausses photographies, plus vraies que nature, a alerté sur le danger de manipulation de l'opinion.
Paris et Berlin étaient soucieux que la législation européenne protège les start-ups spécialisée dans l'intelligence artificielle, pour ne pas empêcher l'émergence de futurs "champions européens" du secteur. Mardi à Berlin, le ministre allemand du Numérique Volker Wissing s'était félicité d'avoir "pu obtenir des améliorations pour les petites et moyennes entreprises, éviter des exigences disproportionnées et veiller à ce que nous restions compétitifs au niveau international".