Désinformation : l'UE ouvre une enquête contre X
La Commission européenne a annoncé le 12 octobre l'ouverture d'une enquête visant le réseau social X (ex-Twitter) pour la diffusion présumée de "fausses informations", "contenus violents et à caractère terroriste" ou "discours de haine", après les attaques du Hamas contre Israël. L'exécutif bruxellois a expliqué dans un communiqué avoir adressé une demande formelle d'informations à la plateforme du milliardaire Elon Musk. Il s'agit de la première procédure lancée dans le cadre de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA), deux jours après une première lettre d'avertissement du commissaire Thierry Breton.
Une demande de lettre concerne des clarifications à apporter sur la publication de contenus illégaux et de fausses informations. Cette requête prend la forme d'un document d'une quarantaine de pages avec des questions précises. Twitter aura jusqu'au 18 octobre pour y répondre. Le délai est étendu au 31 octobre pour d'autres demandes moins urgentes.
Le réseau X a publié jeudi une réponse détaillée à la première lettre d'avertissement de la Commission, expliquant avoir "supprimé ou signalé des dizaines de milliers de messages" liés à l'attaque du Hamas."Il n'y a pas de place sur X pour des organisations terroristes ou des groupes extrémistes violents et nous continuons à supprimer de tels comptes en temps réel", s'est défendue la plate-forme, précisant avoir mis en place "un groupe de travail pour prendre soin de la situation".
"Protéger les démocraties"
Bruxelles s'était pourtant déjà inquiété fin septembre du taux de désinformation sur X, épinglant ses mauvais résultats lors de tests effectués sur plusieurs plateformes. Après avoir racheté Twitter l'an dernier, Elon Musk a procédé à une vague massive de licenciements qui a décimé les équipes de modération. Il réaffirme régulièrement sa vision de la liberté d'expression, refusant toute "censure", même s'il assure respecter les lois de chaque pays. La demande d'informations envoyée à X constitue la première étape dans une procédure qui peut conduire à de lourdes sanctions financières en cas d'infractions avérées et prolongées à la réglementation. Dans des cas extrêmes, les amendes peuvent atteindre 6% du chiffre d'affaires mondial du groupe.
Il s'agit de "protéger nos citoyens et nos démocraties en offrant un environnement sûr aux utilisateurs et des sources d'information fiables, y compris en temps de crise", a déclaré à l'AFP Thierry Breton, commissaire européen au Numérique, à l'origine de la nouvelle législation.
Meta et TikTok dans le viseur
Le lancement de la procédure intervient cinq jours après les attaques du Hamas contre Israël. Le conflit suscite une immense émotion à travers le monde, propice aux tentatives de manipulation de l'opinion. Vidéos humiliantes d'otages, corps décapités, assassinats filmés... Les réseaux sociaux ont été inondés d'images violentes mais aussi de tentatives de désinformation, un défi pour toutes les plateformes.
Bruxelles a également mis en garde mercredi le groupe américain Meta (Facebook, Instagram), puis le réseau social chinois TikTok jeudi. "Votre plateforme est utilisée de façon intensive par des enfants et adolescents. Vous avez une obligation particulière de les protéger des contenus violents (...) qui semblent circuler largement sur votre plateforme sans dispositif de sécurité particulier", a écrit Thierry Breton dans une lettre au patron de TikTok, Shou Zi Chew, publiée sur les réseaux sociaux Bluesky et X.
Concernant le conflit Israël-Hamas, un porte-parole de Meta avait expliqué mercredi que le groupe a "rapidement mis en place un centre d'opérations spéciales composé d'experts, dont des personnes parlant couramment l'hébreu et l'arabe".