Sébastien Partika (Buzzman) "les gens sont avides de créativité, les marques devraient s’en souvenir"
Si ceux qui font l'agence sont discrets, leurs campagnes ne le sont pas. Très tôt, elles ont éclairé un peu cette sombre période. En restant la même. Sébastien Partika, directeur de création Buzzman et Productman, répond à nos questions matinales.
1) COMMENT Y ARRIVEZ-VOUS ? OU PAS ? A TRAVAILLER, À INSPIRER, À CRÉER ?
Sébastien Partika : avoir la chance de pouvoir continuer à exercer mon métier avec passion, c’est ce qui me permet d’échapper au stress de la situation actuelle. J’essaie de tout faire pour que les choses paraissent le plus normal possible en utilisant TOUS les outils digitaux pour rester proche des teams. Peut-être un peu trop d’ailleurs, car il n’est pas rare de commencer une conversation sur Hangout qui se prolonge sur WhatsApp pour finalement se conclure sur Messenger ou en SMS (à cause d’une mauvaise connexion Internet dans le Limousin) et reprendre le lendemain matin dans un commentaire FB. Ça n’est pas toujours facile de travailler dans ces conditions, voire parfois carrément impossible : dédicace aux parents de jeunes enfants ! Ma plus grande obsession de DC confiné, c’était de trouver comment les marques que nous accompagnons peuvent jouer un rôle -à leur juste valeur- pendant cette crise inédite. Pendant les premiers jours, nous avons assisté à une paralysie globale des prises de parole des marques, avant qu’elles se rendent compte qu’elles pouvaient aussi modestement agir pour le bien commun, ne serait-ce qu’en mettant un sourire sur nos visages. Et puis c’est maintenant l’occasion de redéfinir ce que sera l’après de la communication avec nos clients et différents partenaires.
2) AVEZ-VOUS “TROUVÉ” DE NOUVELLES SOURCES D’INSPIRATIONS ?
Sébastien Partika : difficile de vivre de nouvelles expériences le cul vissé sur une chaise face à un écran toute la journée. Bien sûr, les artistes/créateurs pullulent sur le web, mais ça n’est pas nouveau. Internet a toujours été une source d’inspiration mais beaucoup d’autres me manquent : spectacles vivants, expos, les rencontres, les voyages, le brouhaha des bars, etc… Bref, tout ce qu’on ne peut pas ressentir à travers un écran. Mais cette quarantaine a aussi donné à beaucoup de personnes la possibilité d’exprimer leurs talents, je vois passer des choses très belles ou très drôles sur Tik Tok ou IG. Ça montre bien que les gens sont avides et curieux de créativité, les marques devraient s’en souvenir.
3) QU'EST-CE QUI VOUS MANQUE LE PLUS DANS LA PRATIQUE DE VOTRE MÉTIER
Sébastien Partika : le métier de créatif ne se limite pas à trouver l’idée, c’est le processus d’idéation qui crée l’excitation.
On a la chance incroyable de faire un job qui chaque jour est différent : on peut -pour tel ou tel projet – avoir à collaborer avec un réal, un musicien ou même un astronaute, pourquoi pas. Ce qui me manque le plus c’est être sur le terrain avec eux à échanger jusqu’à ce qu’il y ait cette étincelle qui jaillit au dernier moment et crée quelque chose d’inattendu. Même si chez Buzzman, nous avons des talents qui assurent toujours un travail de qualité malgré les conditions, il est vrai que le télétravail compartimente et déshumanise. Ce manque de proximité peut à longue faire disparaître les visages et transformer les créatifs en tâcherons.
4) Où va votre IMAGINAIRE…
Sébastien Partika : les conditions contraignantes favorisent l’imagination et permettent d’envisager un autre monde, mais à quoi ça sert si on ne peut pas ensuite en parler à la terrasse d’un café ?