Paris sportifs : vers une réduction « drastique » et « immédiate » de la publicité
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la sortie mercredi de l’Autorité nationale des jeux (ANJ) est cinglante envers le secteur de la publicité. En effet, après avoir réuni les opérateurs de paris sportifs pour faire le bilan de l’Euro de football qui s’est achevé le 11 juillet dernier, l’instance a constaté « certaines dérives », constatant même qu’une « ligne jaune a été franchie en termes de pression publicitaire » lors de cette compétition ». Et d’appeler à sa réduction « drastique » et « immédiate », mettant au passage en avant ces « communications commerciales qui procèdent au ciblage des jeunes adultes et entretiennent l’illusion de l’argent facile (qui) sont particulièrement problématiques ». Dans ce contexte, l’ANJ entend vouloir agir pour « clarifier, voire compléter le cadre légal », en lançant des « chantiers » qui « devront être terminés d'ici la fin de l'année ». Un message clair, semble-t-il entendu par les opérateurs de jeux, qui ont indiqué, selon l’Autorité, « partager collectivement les préoccupations exprimées par le régulateur et se tenir prêts à travailler à ses côtés pour proposer des axes d’amélioration et de limitation de ces communications commerciales ». S’accordant « sur la nécessité de procéder à un rééquilibrage de leurs pratiques afin de préserver le modèle récréatif du marché français des jeux d’argent », poursuit-elle.
L’ANJ a donc demandé aux opérateurs un bilan à mi-parcours de la mise en œuvre de leurs stratégies promotionnelles et « se réserve, après examen de ces bilans, la possibilité d’engager des procédures de sanction en cas de non-conformité ». De même, elle lancera une consultation des parties prenantes à la rentrée sur le thème de la Publicité. Cela lui permettra ensuite « d’adresser des recommandations aux acteurs et, le cas échéant, de proposer de nouveaux outils d’intervention », prône-t-elle. Parallèlement, une collaboration est engagée avec l’ARPP « pour décliner les restrictions règlementaires en recommandations concrètes pour les opérateurs ». L’objectif affiché étant ici d’émettre « d’ici la fin de l’année des lignes directrices précises et opérationnelles sur la publicité ».
Vers une analyse des pratiques de gratifications commerciales
Côté gratifications commerciales (offres de bonus de recrutement et de fidélisation), l’ANJ souhaite en outre analyser « en détail » les pratiques du marché français mais aussi celles qui sont en vigueur dans les autres pays européens. Une étude qui permettra de « définir les conditions de gratifications raisonnables (…) et d’évaluer l’opportunité de renforcer l’encadrement ou la limitation de ces offres », précise l’ANJ. Enfin, l’Autorité organisera le 21 septembre prochain un séminaire réunissant plusieurs experts scientifiques de l’addiction aux jeux d’argent et de hasard afin de « s’accorder sur une définition commune et robuste du jeu excessif ou pathologique qui servira de référentiel à l’ensemble des acteurs » puisque celle-ci varie « fortement » d’un opérateur à l’autre. Indiquant au passage qu’un certain nombre de contrôles étaient en cours « à la suite de plaintes reçues de la part de joueurs problématiques qui n’auraient pas été détectés par les opérateurs et qui auraient été encouragés à continuer à jouer via l’octroi de gratifications commerciales ».
Selon l’ANJ, pendant l’Euro de football, 434 millions d’euros de mises en ligne ont été comptabilisés. Pour les seuls matches de l’Équipe de France, le total des mises est de 88 millions d’euros, soit une moyenne de 22 millions d’euros par rencontre.