Charles Roussaux (Hearts & Science) : « nous avons réussi à créer une agence à l’image de celle que l’on souhaitait »
Fin 2022, était officialisée la création par Omnicom Media Group d’une nouvelle agence média en France aux côtés d’OMD et Re-Mind PHD, complétant ainsi le réseau international Hearts & Science lancé en 2017.
Un an plus tard, son nouveau responsable Charles Roussaux, directeur général adjoint, dresse un premier bilan des douze mois d’existence de l’entité et annonce en exclusivité pour CB News le gain du budget Warner Bros. Discovery. Interview.
CB News : En un an, il s’en passe des choses. L’année 2023 a-t-elle été bonne pour Hearts & Science malgré un environnement économique pas toujours très porteur ?
Charles Roussaux : Le climat économique a en effet été un peu compliqué, mais nous avons réussi à créer une agence à l’image de celle que l’on souhaitait mettre en place autour de comptes existants au sein d’Omnicom Media Group (OMG), Axa et Orange, et avec lesquels nous avons débuté notre activité. Des budgets avec lesquels j’ai une belle proximité depuis plusieurs années puisque je les ai accompagnés plus de 10 ans au sein d’un autre agence d’OMG, Re-Mind PHD, notamment en tant que chief strategy officer.
Puis, la production de valeur est plus que jamais dans l’air du temps avec, à côté de la performance digitale assez avancée avec nos deux grands comptes de départ, l’idée de pouvoir challenger les pure-players ou, en tout cas être au même niveau. Et nous nous sommes bien sûr appuyés sur la puissance d’OMG via les fonctions transverses et sa puissance d’achat, ce qui nous a permis d’aller chercher des budgets qui sont d’avantage orientés sur la stratégie de marque. Au final, nous sommes en phase avec notre ambition première qui était de concilier le temps long et le temps court, la construction de marque et le soutien de la distribution.
CB News : Créer une agence française sous la marque Hearts & Science était une évidence ?
Charles Roussaux : Oui, cela correspondait à la volonté du groupe Omnicom de développer le réseau Hearts & Science, puisqu’il est présent dans une vingtaine de pays depuis 2017. Un très jeune réseau fortement implanté en Amérique du Nord et en Scandinavie. On pouvait en outre capitaliser sur la belle croissance de Re-Mind PHD ces dernières années, ce qui était un bon message pour nous pour la création de notre troisième réseau dans l’hexagone (avec OMD, NDLR). Notre objectif, à l’image de notre nom, est d’allier émotion et science intrinsèquement liée à la performance. Ce qui nous amène à avoir une véritable approche et expertise sur la mesure et l’expertise digitale, sans jamais renoncer à la créativité.
CB News : L’activité 2023 a-t-elle répondu à vos attentes ?
Charles Roussaux : Après avoir remporté la 2ème place au classement New Business sur le 1er semestre 2023 du marché français, soit un peu plus de 16 millions d’euros de gains, selon les données Comvergence. Nous avons également eu un 2ème semestre performant. Et en 2023, nous n’avons pas fait pas tant que cela de compétitions, nous avons préféré nous concentrer sur la satisfaction client avec, outre Axa et Orange, Salomon, Bien’ici, Jaguar, Ultra Premium Direct, Qare, Cheerz, Direct Assurance, Tropicana… Aujourd’hui, en 2024, nous assumons pleinement le fait de nous lancer dans des consultations. Dans ce cadre, nous travaillons aussi avec d’autres entités d’OMG, telles qu’Annalect et/ou Fuse France.
CB News : Qu’est-ce qui vous différencie des autres agences d’OMG, OMD et Re-Mind PHD ?
Charles Roussaux : Je dirais d’abord le poids du digital qui représente d’ores et déjà plus de 50% de nos investissements publicitaires. Et, ensuite, une certaine agilité dans l’échange et le travail avec nos clients. Il y a une très grande proximité avec nos clients.
CB News : Vous êtes membre d’un réseau. Comment cet effet réseau se traduit-il dans votre fonctionnement ?
Charles Roussaux : Le réseau est en train de se structurer. Pour Salomon, par exemple, nous gérons toute la stratégie globale et nous opérons des campagnes aux Etats-Unis, gérées par les équipes sur place, à San Francisco ou New York. Nous travaillons à former une équipe centrale en 2024.
CB News : Vous annoncez ici le gain du budget Warner Bros. Discovery. Un marqueur dans la jeune histoire de l’agence ?
Charles Roussaux : Nous en sommes très heureux. Nous remportons la définition de sa stratégie média globale, ses Opérations spéciales ainsi que l’achat d’espace off et on-line dans le cadre d’une compétition dont le résultat s’est décidé fin novembre. Nous allons travailler aussi bien sur la partie cinéma (pour l’heure, 12-13 sorties de films sont prévues en 2024) que sur le futur lancement de la plateforme SVOD dont je ne connais pas encore la date si vous me le demandez (sourire), mais a priori pour cet été. Nous serons également impliqués sur l’activité jeux vidéo ou encore sur le lancement de chaines TV par le groupe. Vous le voyez, c’est un scope assez large, c’est qui est passionnant pour un secteur de l’entertainment qui véhicule tant d’émotions. Ce qui a séduit Warner Bros. Discovery dans notre approche, je crois, c’est notamment que l’agence soit la continuité de son équipe marketing. C’est l’opportunité pour nous de mettre en place notre expertise sur-mesure en constituant une équipe dédiée pour chacun de nos clients, selon leurs besoins.
CB News : Ce gain est aussi un challenge organisationnel plus globalement ?
Charles Roussaux : Nous faisons évoluer le modèle de l’agence sur des nouveaux modes de collaborations, l’accompagnement et l’internalisation. Nous avons de plus en plus de comptes sur lesquels on ne fait que du conseil en accompagnement des équipes internalisées. C’est le cas, par exemple, pour Salomon qui a internalisé tout l’aspect achat de performance digitale. C’est le cas également pour Ultra Premium Direct. Je note au passage que l’internalisation de l’achat d’espace est aussi de plus en plus développée, ce qui soulève, je trouve, un risque potentiel pour les marques qui est celui de l’isolement. Et quand on est seul, ce n’est pas évident d’analyser ce qui est efficace ou ne l’est pas à l’aune d’une technologie aujourd’hui souvent complexe. Tout comme il est plus compliqué, seul, de s’auto-challenger dans les prises de décision alors que c’est notre rôle d’agence. C’est sur quoi nous travaillons aussi auprès des marques qui ont adopté ces modes de fonctionnement.
CB News : Comment voyez-vous Hearts & Science dans 3 ans ?
Charles Roussaux : Ce qui me tient à cœur, c’est de maintenir notre niveau d’exigence et de réponse client. Je ne voudrais pas que l’on grossisse trop rapidement en l’oubliant. Nous visons l’excellence dans notre apport aux marques et puis, bien sûr, sur le développement maîtrisé de la structure et son attractivité sur le marché. Nous allons toutefois, comme je le disais plus haut, répondre à plus d’appels d’offres en 2024 qu’en 2023. Ce n’est pas incompatible !