"La relève créative est là" - Magali Faget (Mlle Pitch)
C'est la bouillonnante patronne de l'agence Mlle Pitch qui se prête à l'exercice de "La semaine de..."
C'est vendredi et c'est Magali Faget, la fondatrice de l'agence Mlle Pitch et du concours créatif grandes causes Mlle Pitch Awards &Co, soutenu par CB News, qui a bien voulu se livrer dans cette rubrique hebdomadaire. Déterminée, créative et toujours en mouvement, c'est l'une des personnalités les plus charismatiques du secteur.
La campagne pour Aides sera bientôt visible partout : est-ce toujours une émotion ?
Magali Faget : la campagne affichage "Génération Aides" et le film de Aides sortent début janvier. Oui c’est une grande fierté de voir se déployer sur un plan média XXL les campagnes primées de notre concours de publicité grandes causes " les Mlle Pitch Awards & co" . Elles rentrent souvent dans le patrimoine national publicitaire, voir au cinéma et au musée. Je suis particulièrement fière de voir l'impact qu'elles ont sur les gens . La campagne "Chaud pour" pour la Croix Rouge en 2022 par exemple, a permis de recruter 9 000 jeunes bénévoles et la campagne Aides est déjà remarquée par le Musée des Arts Décoratif et une historienne qui sort un livre aux éditions du CNRS sur l’histoire mondiale du sida évoquant le rapport différencié à la maladie qu'ont les différentes générations qui ont été confrontées depuis les années 1980. Notre campagne Aides va clôturer ce livre attendu en mars prochain et montre la vision qu'ont les jeunes d’aujourd’hui face au sida qui pour eux est vintage et n’est pas leur bataille alors que nous, nous avons grandi avec la peur de cette maladie.
Le concours s'est installé dans le paysage, et c'est un anniversaire cette année...Une fierté encore ?
Magali Faget : c'est une immense fierté de voir ce concours grandir et s’afficher dans le métro ou se déployer en radio. Nous fêtons nos cinq ans cette année et le MAD regarde avec attention le palmarès chaque année pour l'intégrer dans son fond patrimonial. Il est connu de toutes les écoles de création et plusieurs présidents de jury m’ont dit avoir été "jaloux" de certaines campagnes primées. À la fois en termes de créativité et de visibilité.
Pouvez-vous nous dévoiler quelques secrets de votre énergie pour orchestrer ce concours citoyen et créatif ?
Magali Faget : le concours c’est avant tout l’occasion de donner du sens à mon métier. Et de sortir de l’ombre de nouveaux talents créatifs. Qu’ils soient étudiants ou free-lance. Cela fait du bien et c'est très stimulant ! Nous n’avons rien à vendre avec ce concours, si ce n’est la mise en lumière, le plus justement possible, du combat de l’ONG mise à l’honneur… Nous aidons les ONG à sortir de leur zone de confort créative habituelle en leur montrant qu'oser changer de ton en création publicitaire, cela marche et cela est sans risque pour elles puisque tout leur est offert… Elles voient que cela fonctionne et que cela change l'impact de leur campagne. Elles sont ensuite prêtes à oser d’avantage. Et puis voir comment les jeunes s’emparent des sujets sociétaux avec leurs codes me regénère énormément et me donne beaucoup d’espoir. La relève créative est là et ce, partout en France. Puisque les participants répondent de toute la France ….Nous travaillons en ce moment à la future campagne pour le Samu Social. L'appel à concours s'affiche dans le métro en ce moment.
Qu'avez-vous, cette semaine, appris d'intéressant et de particulièrement positif dans la presse, la rue, chez des amis .. Votre "+" en quelque sorte ?
Magali Faget : cette semaine j’ai tourné pour l’association ACAT France qui lutte contre la peine de mort et la torture dans le monde une mini-série digitale qui sortira en décembre prochain pour célébrer leurs 50 ans de combat. J’ai demandé à des acteurs connus d’interpréter le témoignage de parcours d’exilés. Écouter ces témoignages et leur donner vie par l’interprétation de personnalités qui m’ont immédiatement répondu oui m’a émue et fait réaliser combien le chemin était long, périlleux et incertain. Ces parcours ne peuvent être enduré que parce qu'il y a danger de mort dans son pays. Quel courage ont ces exilés ! J’ai aussi accompagné Claudia Tagbo au centre d’hébergement du Samu Social de Paris Babinski pour leur offrir des jolis dessous dans le cadre d’Octobre Rose. Parce que la précarité est un passage : on peut s’en sortir. Pouvoir porter de jolis dessous quand on est pauvre est le début du premier pas vers le retour de l’estime de soi .
Et votre "-", ce qui vous a désolé...
Magali Faget : les quatre ans de l’assassinat de Samuel Paty. Je vous encourage à écouter le podcast qui lui est dédié « Les leçons de M. Paty » sur l’école face au terrorisme. Cette impression d'un grand abandon du corps professoral par l’Etat me désole. Je citerai également le discours de Gisèle Pelicot à son mari au procès Mazan de cette semaine. La sensation que certains actes sont vécus en pleine inconscience sans se soucier de l’autre. L’empathie est un trésor à développer dans nos sociétés et à apprendre aux plus jeunes
Le vendredi, en général, votre weekend est-il planifié ? Un peu, beaucoup ou pas du tout ...
Magali Faget : j’essaie de m’évader en baie de Somme où j’ai une maison en bord de mer. Regarder les couleurs des paysages de la baie, admirer les chevaux au fond de mon jardin, randonner dans la nature, lire un livre devant un feu de cheminée, faire des dîners entre amis, refaire le monde et surtout les encourager à vivre leurs rêves pour ne pas avoir de regrets car le temps passe trop vite.
Une recommandation culturelle à partager avec nous ?
Magali Faget : l’expo « Pop Forever » à la fondation Louis Vuitton dont je suis une fan inconditionnelle de l'architecture du bâtiment. Et l’expo sur le surréalisme de Beaubourg pour revoir des œuvres de Dali et de Max Ernst. Le WE dernier je suis allée aux journées portes ouvertes de la résidence d’artistes Poush à Aubervilliers et j’ai découvert pleins de futurs nouveaux talents et où bouillonnait une immense créativité dans une ancienne usine de parfum où 270 artistes sont accueillis en résidence permanente.