Quand les tenues de sport se parent de laine, de lait et de fruits

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Les sportifs à la recherche de matières qui font fi du pétrole...

Le vêtement technique de sport peut-il s'exonérer des matières à base de pétrole ? C'est ce qu'espèrent certains concepteurs qui créent maillots de bain en laine et baskets en petit lait et fruits...Une gageure pour les marques de sport, confrontées aux impératifs de solidité et sécurité.

Andréa, "grimpeuse" de 26 ans, sait que le sport "est un gros consommateur de matières polluantes" et dit à l'AFP prêter attention à ce qu'elle achète. A ses côtés dans la boutique d'Arkose, salle parisienne d'escalade, Mathilde, 29 ans, témoigne en tant que vendeuse qu'on lui demande "de temps en temps" si elle a des chaussons végans et où ils sont fabriqués. Cette sensibilité des consommateurs fait écho aux réglementations françaises et européennes qui sévissent sur les matériaux dangereux pour la santé humaine ou polluants, à l'image de la récente interdiction de certains PFAS dans le textile. Mais selon différentes marques interrogées par l'AFP, difficile de trouver du tissu biosourcé, c'est-à-dire issu de matières organiques renouvelables d'origine végétale ou animale. "On galère" vu la disponibilité des matériaux, affirme sans ambages Manon Varvat, ingénieure de la marque de chaussons d'escalade 9A Climbing. Elle se dit ravie d'avoir intégré le projet Explorations des Alpes, initié par l'association qui fédère les marques de sport en plein air Outdoor Sports Valley (OSV) : son but est d'identifier des déchets organiques pour les transformer en innovations textiles.

Car les Alpes regorgent de kilos de laine de moutons non valorisées, de coupes de plantes invasives, de petit lait issu des fromageries voire, plus exotique, de peaux de bananes de la cantine de l'école primaire d'Annecy, s'amuse Marie Blauwart, spécialiste des matériaux chez Salomon, marque participant au projet. Le Farto, coopérative de producteurs située à Thônes (Haute-Savoie), doit ainsi débourser chaque semaine 1.200 euros pour se débarrasser, transport et traitement inclus, des plus de 5.000 litres de petit lait (le liquide qui reste après la coagulation du lait dans la fabrication fromagère, NDLR) produits quotidiennement, chiffre Morgane Josserand, de cette coopérative de fromagers. Un budget important pour éliminer un produit qui pourrait être valorisé.

La solution ? Le mélange…

Comme par exemple dans un prototype de baskets incluant aussi laine, plantes invasives et fruits, montré à l'AFP par Marie Blauwart, une structure brute avec un dessus de chaussure lisse ressemblant à du liège. "En termes de quantités disponibles, on ne trouvera rien de comparable" aux matières plastiques, concède Baptiste Arribe, qui a cofondé The New Materialist, l'agence de designers en biomatériaux qui chapeaute le projet Explorations des Alpes. Mais "en termes de performances, elles sont remplaçables", assure-t-il. La laine, notamment, est plébiscitée par le monde du sport. Damien Pommeret, de l'organisation The Woolmark Company, en vante la recyclabilité : elle représente moins de 1% des matières utilisées dans le monde, mais 5% des textiles recyclés. La laine mérinos a également convaincu Giuseppe Musciacchio, le directeur général adjoint d'Arena : certains maillots de bain de cette marque sont composés à 60% de cette matière naturelle. Les combinaisons d'Arena dans les compétitions officielles bientôt intégralement en matières organiques ? M. Musciacchio nuance : "Les fibres synthétiques ont de meilleures performances, la solution réside dans le mélange", répond-il à l'AFP.

Les marques de sport ont "habitué" le consommateur à ce qu'il y ait de plus en plus de technique, explique la directrice générale d'OSV Céline Brunel à l'AFP. Elles conçoivent leurs produits pour des athlètes mais aussi des militaires (montres, tentes, vestes, etc.), donc il faut trouver "des éléments recyclés ou biosourcés" qui offrent les mêmes qualités techniques que les fibres synthétiques, relève Mme Brunel. Mais le secret industriel pose problème.  "Aujourd'hui, on ne connaît pas la recette de la gomme" que 9A Climbing utilise dans ses chaussons d'escalade, explique Manon Varvat. L'entreprise italienne qui la fournit ne la transmet pas. Or, "c'est compliqué de retrouver les mêmes propriétés si on ne connait pas la composition initiale", explique-t-elle. C'est pourquoi les trouvailles d'Explorations des Alpes ont vocation à être en innovation ouverte, avec plusieurs entreprises partenaires qui collaborent, explique Sylvain Merlin, designer chez Salomon. "On veut changer le modèle", dit-il.

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