Qu'est-ce que le programme de fact-checking de Meta ?
Le programme anti-infox de Meta est au coeur des discussions depuis l'annonce de sa suppression aux Etats-Unis.
Le programme de fact-checking du groupe Meta vise à lutter contre les informations trompeuses ou fausses qui circulent de manière virale sur les réseaux sociaux du groupe (Facebook, Instagram, Threads), avec l'aide de médias partenaires. L'annonce mardi par Mark Zuckerberg de sa fin prochaine concerne à ce stade uniquement les Etats-Unis, où le géant américain avait noué des partenariats avec dix médias, parmi lesquels l'Agence France-Presse (AFP), le quotidien USA Today ou les sites de fact-checking Lead Stories et PolitiFact. Mais le patron de Meta a clairement exprimé sa défiance générale mardi à l'égard des journalistes fact-checkeurs. Il veut remplacer le programme actuel par les "notes de contexte" (aussi appelées "note de la communauté"), sur le modèle de modération collective utilisé par le réseau X d'Elon Musk.
Avec son programme de "vérification par des tiers" -qui compte à jour environ 80 organisations- Meta fait appel depuis 2016 à des médias partenaires, pour repérer, examiner et évaluer des fausses informations virales sur ses différents réseaux. Ces derniers produisent des articles de vérification ("fact-checks"), que Meta utilise sur ses plateformes contre rémunération. Ces partenaires doivent être certifiés par le Réseau international de fact-checking (IFCN), qui vérifie régulièrement qu'ils respectent certaines règles, en particulier de qualité éditoriale, de neutralité et d'indépendance.
Concrètement, le média partenaire de Meta publie son article sur son propre site, avant d'entrer son URL (adresse internet) dans une interface de Meta. Ce dernier fait alors diminuer la diffusion de la publication évaluée comme fausse ou trompeuse. Mais le contenu n'est pas supprimé. Parallèlement, un lien vers l'article de vérification apparaît sous le post problématique, à destination des internautes. Ceux qui avaient déjà partagé l'infox reçoivent une notification redirigeant vers l'article de vérification. Si l'auteur du post le corrige, l'évaluation est levée et la visibilité n'est plus impactée.
L'exemple de l'AFP
Les fact-checkeurs partenaires restent libres d'écrire sur les sujets de leur choix, même s'il s'agit d'infox ne circulant pas sur les plateformes de Meta. La seule conséquence dans ce cas étant qu'ils ne perçoivent pas de rémunération pour l'article. De plus, le fait que Meta ne souhaite pas prendre de mesures contre des déclarations de personnalités politiques n'empêche pas les médias partenaires de les vérifier et de leur consacrer des articles (lesquels ne sont donc pas utilisés et rémunérés par Meta). L'AFP participe au programme dans 26 langues, couvrant quelques 80 pays, et publie dans ce cadre des articles de vérification sur un site dédié et en accès gratuit, AFP Factuel. Ses quelque 150 fact-checkeurs se concentrent sur les allégations douteuses, potentiellement dangereuses, et virales. Ils vérifient des faits, et non des opinions ou des croyances, en rassemblant des preuves tangibles, sourcées et recoupées, en détaillant tous les éléments et les étapes de leur démonstration.
Le travail des fact-checkeurs est différent de celui des "modérateurs" chargés par Meta, en interne ou plus souvent via des entreprises sous-traitantes, de surveiller et retirer les posts contrevenant aux règles de la plateforme, notamment sur la pornographie, le terrorisme, la violence ou bien encore le racisme.