Les défis de l’IA dans les processus RH
Les DRH sont-ils prêts à se faire aider par l’intelligence artificielle pour recruter ?
Les IA, qui exploitent l'apprentissage automatique et les algorithmes pour analyser de vastes ensembles de données, sont de plus en plus intégrées dans divers processus RH », observait EY dans son étude internationale « CEO Outlook Pulse 2023 ». Le cabinet de conseil citait plusieurs cas d’usage : sélection des candidats (analyse des CV, des lettres de motivation et des profils en ligne) ; analyse prédictive des départs (aide à l’identification des employés susceptibles de quitter l'entreprise) ; gestion des talents et planification de la relève (identification des employés ayant un potentiel de leadership) ; prévision des besoins en compétences pour ajuster les stratégies de recrutement et de formation.
Mais qu’en pensent les DRH en France ? Utilisent-ils l’IA ? Dans quels domaines l’envisagent-ils ? Quels défis rencontrent-ils ? Une étude OpinionWay, réalisée en février-mars de cette année, pour le concepteur de solutions de gestion des ressources humaines Kelio, a interrogé plus de 300 responsables RH d’entreprises privées de plus de 20 salariés.
De nombreux défis à relever
La gestion administrative (45%) et le recrutement (41%) sont les domaines jugés les plus intéressants pour recourir à l’IA, loin devant la formation et le développement des compétences, la planification stratégique et l’évaluation des performances. Neuf DRH sur dix citent au moins un domaine intéressant. Mais les défis sont nombreux. Le premier d’entre eux est l’incompatibilité des outils IA avec leurs procédures actuelles (41%). Le deuxième défi est le respect de la confidentialité et la sécurité des données personnelles (38%). Un défi qualifié de crucial par EY qui soulève aussi la question du respect de réglementations strictes, comme le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Dans l'enquête OpinionWay, près d’un tiers des DRH cite deux autres défis à ne pas négliger : le manque de compétences et de formation spécifique (pour adopter l’IA dans les RH) et la résistance au changement parmi les collaborateurs. Enfin, il ne faut pas occulter la question des coûts et la nécessité d’adapter les solutions IA aux besoins spécifiques de chaque entreprise.
Un manque de confiance
Mais le plus grand défi ne serait-il pas celui de la « confiance » ? En effet, 54% des DRH interrogés par OpinionWay déclarent ne pas faire confiance à une intelligence artificielle pour rendre un travail de qualité. Il y a quelques mois, EY pointait « le risque de biais algorithmiques, comme en témoigne le cas du système de recrutement biaisé d'Amazon ».
Dès lors, on comprend mieux ce premier résultat de l’étude OpinionWay/Kelio : 76% des DRH interrogés ne souhaitent pas utiliser l’IA dans le cadre de leurs fonctions, alors que seulement 9% l’utilisent déjà et 15% aimeraient l'utiliser.
Pourtant, pour EY, « l’automatisation des processus routiniers libèrerait du temps pour que les professionnels des RH puissent se concentrer sur des problématiques plus complexes et stratégiques, de la gestion prévisionnelle des emplois et compétences à l'évaluation du bien-être des employés et à des efforts de transition écologique. En somme, l'IA permettrait aux RH de devenir à la fois plus efficaces et plus centrés sur l'humain. Cependant, à l’instar de toute innovation, elle doit être abordée avec prudence et responsabilité. » Cette analyse bien plus positive d’EY n'a pas encore convaincu les DRH de l’Hexagone.
Méthodologie de l'étude OpinionWay : enquête menée du 21 février au 11 mars 2024 par téléphone sur le lieu de travail des personnes interrogées, auprès d’un échantillon de 301 responsables des ressources humaines (RRH/DRH) d’entreprises privées de 20 salariés et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de secteur d’activité, de taille d’entreprise et de région d’implantation. L’étude est consultable ici. Et vous trouverez ici l'analyse de l’étude EY.