Fin de vie : des mots et une attente des Français
Tandis que les députés débattent, l’Ifop a sondé nos concitoyens.
La fin de vie appartient à la vie. Avec tout ce que cela implique en termes de valeurs humaines : dignité, liberté, fraternité, égalité... Le sujet est délicat, très délicat. Et encore souvent tabou.
Depuis le début de la semaine, une commission spéciale de l’Assemblée Nationale examine le projet de loi relatif à « l’accompagnement des malades et de la fin de vie ». Elle a adopté, aujourd’hui, l'article 5 du projet de loi, qui définit « l'aide à mourir », aux termes d’une bataille sémantique et philosophique. Cet article 5 constitue le cœur du texte en ce qu'il indique que « l’aide à mourir est un acte autorisé par la loi ». Des députés ont plaidé pour que les termes « euthanasie » et « suicide assisté » figurent dans le texte. Si l'expression « aide à mourir » n’a pas fait l’unanimité, c’est bien elle qui a été adoptée par les députés.
Et qu’en pensent les Français ? Les instituts de sondage sont évidemment actifs sur ce sujet brûlant et la réponse à cette question dépend bien sûr de la formulation de la question posée. On ne peut pas simplement demander aux gens : êtes-vous pour ou contre l’euthanasie ? Pour ou contre le suicide assisté ? Pour ou contre l’aide à mourir ?
L’Ifop vient de rendre publique une enquête achevée au début du mois. Les deux questions posées aux Français sont très précises et détaillées :
- La première porte sur le recours à l’euthanasie : « Certaines personnes souffrant de maladies insupportables et incurables demandent parfois aux médecins une euthanasie, c’est-à-dire qu’on mette fin à leur vie, sans souffrance. Selon vous, la loi française devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de ces personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent ? »
- La seconde concerne l'autorisation du suicide assisté : « Vous personnellement, approuveriez-vous l’autorisation pour les personnes souffrant de maladies insupportables et incurables de recourir à un suicide assisté, c’est-à-dire au fait que ces personnes prennent un produit létal (mortel), en présence d’un médecin, pour mettre fin à leurs souffrances ? »
Concernant la première question sur la légalisation de l’euthanasie, 92% des répondants y sont favorables, dont 37% « dans certains cas » et 55% « absolument ». C’est la 10ème fois en 20 ans que l’Ifop pose cette question. La proportion de personnes favorables a toujours varié entre 88% et 96%. Mais ce taux de 55% de personnes absolument favorables est le plus élevé jamais mesuré.
A la seconde question sur le suicide assisté en présence d’un médecin, le constat est presque le même. 89% des Français approuvent l’autorisation de cette pratique, dont 52% « tout à fait » et 37% « plutôt ». Des résultats équivalents à ceux déjà mesurés en 2017.
C’est maintenant au tour des députés de se mettre d’accord. Les débats sur l'article 6, qui « définit les conditions d’accès à cette aide à mourir » sont en cours.
Méthodologie : l’enquête a été menée en ligne du 26 avril au 2 mai 2024, auprès d’un échantillon de 2 527 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’étude Ifop est consultable ici.