"Nous arrivons à une certaine maturité" - Guillaume Lacroix, co fondateur de Brut
Le cofondateur de Brut, Guillaume Lacroix se livre dans la "Grande Interview" du magazine de septembre qui vient de paraître. Extraits.
CB News : alors, heureux de ce Grand Prix des Médias 2024 ?
Guillaume Lacroix : très heureux ! Je ne dirais pas que c’est inattendu, en revanche l’histoire et la trajectoire de Brut le sont. Nous ne l’aurions jamais imaginé, été 2016, en démarrant cette aventure Renaud Le Van Kim, Laurent Lucas et moi. Ni que nous ferions, en termes d’influence, jeu égal avec les grandes chaînes nationales. Nous sommes passés par des phases très différentes. Cette reconnaissance intervient à un moment où nous arrivons à une certaine maturité et parvenons à être profitables. Ce n’est pas une mince affaire dans notre industrie. Cela ne pouvait pas mieux tomber !
CB News : justement, c’est quoi Brut aujourd’hui ?
Guillaume Lacroix : c’est le leader mondial de l'information pour les jeunes générations sur les réseaux sociaux. Brut a vraiment connu trois grandes étapes. D’abord son lancement, ça a explosé et on a acquis de l’audience partout dans le monde. La seconde étape était tournée vers « comment on gagne de l’argent ? ». On a essayé plein de choses. Certaines ont très bien marché, d'autres moins. On a beaucoup appris de nos moins bonnes réussites, cela nous a permis d’en arriver où nous en sommes aujourd’hui. Nous sommes entrés dans une nouvelle phase depuis deux ans. Jusqu’en 2022, notre modèle consistait dès lors qu’un pays ou une zone géographique présentait des signes solides de croissance, à lever des fonds pour prendre des parts de marché ailleurs dans le monde. C’était un modèle de croissance, pas un modèle économique. Avec le retournement des marchés financiers, nous ne pouvions plus financer à marche forcée notre croissance en allant chercher des capitaux à l'extérieur. On a dès lors pris la décision de nous concentrer sur la profitabilité. On a beaucoup analysé ce qui fonctionnait ou pas, rationalisé, hiérarchisé. Arrêté tout ce qui présentait un horizon trop lointain de rentabilité. On a atteint cette dernière fin 2023. Pour autant, ce n’est pas une fin en soi. On continue à croître.
CB News : 2022 a en effet été une période très difficile. La presse évoquait même une « face cachée » Brut…
Guillaume Lacroix : c’est d’abord un sujet de perception. De mon point de vue, Brut, c’est difficile depuis le départ. Gérer une très grosse entreprise, avoir des certitudes dans un monde où tout va très vite… c’est compliqué. Ce fut particulièrement dur il y a deux ans, et cela l’est encore parfois. Rationaliser, c’est fermer un certain nombre de business units et se séparer de collaborateurs. À chaque fois que nous avons levé des fonds, sauf la dernière fois [ndlr : en avril 2023], nous étions à quelques semaines de la banqueroute. Beaucoup de stress que l’on ne partage pas forcément avec tout le monde… C’est dur. Ce qui importe, c’est la pérennité de Brut. C’est pourquoi la rentabilité est un énorme sujet pour nous. Y être arrivés sans toucher à la qualité et à la pertinence du média, c’est essentiel.
CB News : ce travail de rationalisation a notamment impacté le marché US ?
Guillaume Lacroix : nous avons en effet décidé de réduire notre présence sur le sol américain et opté pour la mise en place d’une équipe américaine en France. Les résultats sont incroyables depuis que l’on a fait ça. Mais ce ne fut pas une décision facile à prendre.
CB News : vous évoquiez les questions de perception, celle de Brut a-t-elle changé ?
Guillaume Lacroix : oui. On a connu beaucoup de « avant-après ». Ce fut notamment le cas avec notre première interview d'Emmanuel Macron [ndlr : en décembre 2020]. Nous avons senti tant du point de vue de l'audience, des marques que des institutions, un énorme changement et l’accès à un statut privilégié. De la même manière, du point de vue des investisseurs, du monde économique, du monde des médias, le fait qu'on parvienne à la rentabilité change la donne. Nous sommes passés de startup en quête de fonds à entreprise installée. Et au regard de ce qui se passe dans le secteur des médias, Brut et les grands acteurs dits traditionnels ont beaucoup de choses à faire ensemble .../..
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