Bruxelles ouvre une enquête contre Temu
Enquête contreTemu. Soupçons sur la qualité et "l'addiction" de ses algorithmes.
La Commission européenne a ouvert ce jeudi une enquête contre le site de commerce en ligne d'origine chinoise Temu, soupçonné d'agir insuffisamment contre la vente de produits illégaux, potentiellement dangereux. "Nous voulons nous assurer que les produits vendus sur la plateforme de Temu respectent les normes de l'UE et ne mettent pas en danger les consommateurs", a expliqué la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager, dans un communiqué. Aucun délai légal n'est fixé pour conclure l'enquête. Si Temu est reconnu coupable d'infractions, il pourrait se voir infliger une amende allant jusqu'à 6% de son chiffre d'affaires annuel, en vertu du nouveau règlement européen sur les services numériques (DSA). Temu, qui connaît une progression fulgurante en Europe grâce à une stratégie de prix cassés, est la version internationale du mastodonte chinois du e-commerce Pinduoduo, né en 2015. Il propose un choix pléthorique de produits : vêtements, jouets, décoration, outils, high-tech... Le groupe s'est engagé à travailler étroitement avec les services de la Commission européenne. L'enquête de Bruxelles intervient après plusieurs mises en garde et des questions écrites adressées à la plateforme. Elle portera notamment sur "les systèmes mis en place pour limiter la vente de produits non conformes dans l'Union Européenne" et en particulier les moyens mis en œuvre "pour empêcher la réapparition de commerçants indésirables, précédemment suspendus" pour ce motif, a expliqué la Commission européenne. L'exécutif bruxellois, qui joue désormais le rôle de gendarme du numérique dans l'Union européenne, va également examiner "les risques liés à la conception addictive du service" de vente en ligne, y compris les programmes de récompenses sous une forme ludique "susceptibles d'avoir des conséquences négatives sur le bien-être physique et mental des utilisateurs". La Commission va également se pencher sur les systèmes de recommandation de produits auprès des utilisateurs, et l'obligation pour Temu de divulguer les principaux paramètres utilisés par ces systèmes. L'exécutif européen soupçonne aussi Temu de ne pas respecter l'obligation de fournir aux chercheurs un accès aux données de la plateforme. Des associations européennes de consommateurs avaient déposé en mai une plainte contre Temu, l'accusant notamment d'utiliser des interfaces trompeuses pour inciter les utilisateurs à dépenser plus sur la plateforme.
Temu a réagit à cette annonce en envoyant un droit de réponse. Le voici : "Temu prend très au sérieux ses obligations en vertu de la DSA. Nous investissons continuellement dans le renforcement de nos procédures de contrôle de la conformité des produits vendus sur notre plateforme, afin de garantir les intérêts et la sécurité de nos clients". Nous coopérons ainsi pleinement avec les régulateurs pour soutenir notre objectif commun d'un marché sûr et fiable pour les consommateurs. À cette fin, nous sommes notamment engagés dans des discussions afin d'adhérer au 'Memorandum of Understanding (MoU) on the sale of counterfeit goods on the internet', un accord volontaire facilité par la Commission européenne, qui allie les acteurs majeurs du e-commerce en Europe et les titulaires de droits (de biens dont des versions contrefaites et piratées sont vendues en ligne) dans la lutte contre le référencement de produits contrefaits sur les plateformes. La contrefaçon est un problème qui touche l'ensemble du secteur, et nous pensons que des efforts de collaboration sont essentiels pour atteindre nos objectifs communs de protection des consommateurs et des détenteurs de droits."