Deux ou trois vies possibles pour le jouet
La filière de jouet organise sa circularité.
Face aux 100 000 tonnes de jouets jetés chaque année, les deux plus grandes enseignes du secteur proposent aux consommateurs
des initiatives pour rallonger la durée de vie des poupées ou des
trottinettes, via la seconde main, le recyclage, la réparation voire même la location à la semaine. "On est dans un vrai changement de paradigme pour le consommateur: on ne propose plus seulement des jouets neufs, mais aussi des jouets d'occasion, à la revente ou à l'achat. Dans la tête des gens, quand on va dans un magasin de jouets c'est pour dépenser de l'argent, mais avec la seconde main c'est aussi pour en gagner", relève Franck Mathais, porte-parole de JouéClub. L'enseigne compte élargir d'ici fin 2024 à ses 300 magasins - contre 130 actuellement - ses espaces dédiés aux jouets d'occasion, baptisés Troc O'Joué, qui ont "séduit plus de 50 000 clients en une année. Le taux de revente est excellent et niveau tarifs, on est entre -50% et -70% du prix de vente neuf, via un bon d'achat", explique Franck Mathais.
King Jouet, autre géant du secteur, vient d'implanter au sein de 30 de ses 330 magasins son concept King Okaz - décliné jusqu'alors dans des points de vente séparés - et propose des occasions placées dans le même rayon que leurs équivalents neufs. L'offre de seconde main comporte "une part très importante de jouets d'éveil et de jeux de société. On propose aussi le Lego en vrac" mais "on ne reprend pas les peluches, l'électronique avec batteries, les puzzles au-delà d'un certain nombre de pièces et certains jeux de plein air comme les portiques", détaille Coralie Gueydon, responsable RSE de l'enseigne. King Jouet vend également sur son site internet des pièces détachées (freins de trottinettes, batteries pour petits véhicules électriques) pour rallonger la vie des produits et propose depuis début 2024 un service gratuit d'auto-réparation en ligne via un "chat" avec un expert "qui peut accompagner sur le diagnostic de panne ou de dysfonctionnement, et aider à réparer via vidéo", indique Coralie Gueydon. Avec le volume de déchets "engendrés par la filière, on se dit qu'à notre niveau on peut arriver à limiter cela, on a aussi notre responsabilité en tant que distributeur", estime la responsable RSE de King Jouet qui proposera en octobre une "grande collecte nationale" de jouets ne servant plus. Toujours dans cette démarche liée à l'économie circulaire, JouéClub lancera cet automne en test dans dix magasins un service de location de jeux de société, pour quelques euros par semaine.
"Cela permet de renouveler l'expérience de jeu sans avoir à acheter de
nouveaux jeux à chaque fois, quelque 000 nouveautés sortent chaque année dans cette catégorie!", résume Franck Mathais. Selon une étude menée par Ecomaison et le cabinet Circana, les jeux et jouets d'occasion sont "en forte croissance" et représentent désormais 5,9% des ventes totales du marché.
Filière
Gros utilisateur de plastique, le jouet ne bénéficie que depuis 2022 d'une filière dédiée à son recyclage et son réemploi, et 2023 a surtout été consacrée à l'installation de bornes de collecte dans les déchetteries,
magasins spécialisées et associations. "18 700 tonnes de jouets ont été récoltées l'an dernier, essentiellement dans les déchetteries qui restent le point de collecte le plus intuitif pour les particuliers", résume à l'AFP Matthieu Goutti, responsable de la filière jouets au sein d'Ecomaison, organisme agréé pour gérer ce dispositif fonctionnant sur le principe du "pollueur-payeur", soit une écoparticipation des fabricants, importateurs et distributeurs. Si les jouets collectés sont trop abimés, ils sont orientés vers le recyclage après avoir été triés en fonction des matériaux qui les composent - du plastique pour "au moins 70%" d'entre eux. "Mais sinon un maximum va vers le réemploi, avec des produits qui ont deux ou trois vies", ajoute Matthieu Goutti.