Reporters d'Espoirs met l'accent sur la science et l’environnement
L'association célèbre ses 20 ans dans un magazine dédié à la jeunesse. Son président Gilles Vanderpooten partage sa vision sur les médias "positifs".
Depuis 20 ans, l’association Reporters d'Espoirs prône un journalisme de solution. Sa revue Reporters d'Espoirs 2024 célèbre les initiatives de la nouvelle génération. Elle met notamment en lumière Hugo Décrypte, Lilia Hassaine, Antoine Dupont, Squeezie et Zaho de Sagazan. À partir du 25 avril, elle est vendue à 15 euros en kiosque, libraire et Relay. Les recettes bénéficient à un programme d’éducation à l’information que mène l'association. Son président Gilles Vanderpooten nous en dit plus sur ses actions et partage sa vision sur les médias "positifs" et sur les générations futures.
5 questions à Gilles Vanderpooten
CB News : Votre association célèbre ses 20 ans en 2024. Quel bilan faites-vous ?
Gilles Vanderpooten : En 20 ans, le paysage médiatique a beaucoup évolué. La démarche du journalisme de solutions que nous avons lancée a fait des émules. Aujourd’hui, les attentes convergent vers cette perspective : dans un contexte particulièrement anxiogène, de plus en plus de rédactions ont envie de diversifier leurs angles et leurs sujets, les citoyens exigent des pistes pour se projeter. Nombre de directions des médias veulent innover et ont bien perçu l’intérêt de développer des lignes éditoriales inspirantes. Si les articles et reportages sur des initiatives constructives génèrent en général moins de clics à court terme, ils créent en revanche davantage de fidélité et d’abonnements.
CB News : Quels sont vos projets à venir ?
Gilles Vanderpooten : Nous lançons le programme "Reporters d’Espoirs pour l’avenir" : une revue dédiée aux initiatives de la jeunesse, un Prix européen du jeune reporter… et un grand programme d’éducation à l’information en coopération avec le CLEMI. Nous mobilisons cette année 2 000 enseignants et 200 000 écoliers, collégiens et lycéens sur la pédagogie du journalisme de solutions. Une manière d’ouvrir les coulisses de la fabrication de l’info pour lutter contre la contagion des "fausses nouvelles". Il faut aussi leur donner envie d’info, si l’on souhaite qu’ils en deviennent des acteurs et qu’ils se tournent vers les sources d‘info de qualité journalistique. La démocratie a besoin du travail de fond des journalistes ! En plus de cela, nous allons redoubler de travail en faveur de la science et de l’environnement : nous avons tous besoin de monter en compétences sur ces sujets, journalistes comme citoyens. Pour mener des actions concrètes et efficaces, il faut intégrer ce que nous dit la science écologique. Nous avons besoin de plus de scientifiques et d’historiens dans les médias.
CB News : Votre association agit beaucoup pour la jeunesse (éducation aux médias, prix jeunes...). Quels messages ont-ils à nous transmettre ?
Gilles Vanderpooten : Il n’y a pas de raison objective que le regard que nous portons sur la jeunesse se restreigne aux phénomènes épars de violence, de conflit générationnel, de chômage ou de progression des idées noires… Il faut pouvoir refléter la réalité dans sa complexité, et éviter de tomber dans le piège du sensationnel, de l’anecdotique, de l’idée selon laquelle nos sociétés seraient vouées au déclin et à l’impuissance, et la jeunesse à sombrer. Nous voulons témoigner que l’on peut reprendre le pouvoir sur les événements, que les médias d’information - encore riches de leur diversité en France - peuvent être des leviers de connaissance et de mise en mouvement.
CB News : Pourquoi avez-vous dédié votre troisième numéro aux jeunes ? Qu’apprend-on ?
Gilles Vanderpooten : La revue s’intéresse aux initiatives de jeunes qui gagnent à être connues. À ces jeunes qui font la « génération solutions » au sens où ils mettent leur énergie au service de projets solidaires, écologiques, culturels, entrepreneuriaux… Je pense à un artiste comme Saype, à ces jeunes du monde entier qui concourent à l’olympiade des métiers manuels, à cette scientifique qui traque le plastique. Nous apprenons que les jeunes sont engagés - comme ces Israéliens et Palestiniens qui agissent ensemble, ces Ukrainiens qui préservent leur patrimoine ; ces Français qui agissent pour former au climat dans les quartiers ou pour ressusciter la langue française dans le monde. Nous apprenons que les jeunes ont l’esprit d’aventure, qu’ils s’engagent ici dans un service militaire adapté en Polynésie, là pour revitaliser l’agriculture, ou encore ailleurs pour acheminer la flamme olympique d’Athènes à Marseille à bord du Belem ! Cette revue se veut un hommage à cette jeunesse qui crée, innove et agit… et un accélérateur d’idées pour ceux qui cherchent à se projeter.
CB News : Quelles sont vos relations avec les autres médias ?
Gilles Vanderpooten : En 20 ans, nous avons rassemblé et formé plusieurs milliers de journalistes en France ; fédéré 50 médias généralistes nationaux et régionaux dans des opérations touchant 20 millions de Français ; accompagné la création de lignes éditoriales et de contenus nouveaux de Libération au Figaro en passant par TF1, France TV, Radio France, des titres de PQR ; suscité l’essaimage de la démarche en Belgique, Espagne, Italie, au Danemark, Royaume-Uni, aux Etats-Unis…