De l’économie de l’attention à celle de l’apaisement ?
Face à l'usage compulsif des réseaux sociaux, le "less is more" is back.
Nous y voilà, donc. En 2023, le nombre d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux a franchi le cap des cinq milliards de personnes, soit 62,3% de la population mondiale, si l’on en croit le rapport publié le 31 janvier dernier par We Are Social et Meltwater. Un chiffre vertigineux quand on le ramène aux vingt ans à peine qu’il a fallu pour l’atteindre.
Dans une société marquée par l’hypermobilité et l’immédiateté des échanges, les usages digitaux rythment le quotidien des Français. Qu’ils soient politiques, économiques, sociaux ou prescriptrice de tendances, Internet est devenu un véritable monde d’influence ou se connectent 47,4 millions de Français chaque jour, soit 1,8 million de plus qu’en 2022, comme le révèle l’étude « L’année Internet 2023 » de Médiamétrie.
Noc compatriotes passent en moyenne 4,6 heures par jour sur les écrans et près de 2h 30 sur les réseaux sociaux. Un tel niveau de consommation devrait nous alerter, nous autres acteurs du social marketing, sur le bienfondé de certains dispositifs que nous concoctons pour nos clients. La vérité nous oblige à reconnaître que la stimulation à outrance dans laquelle nous baignons a atteint son pic et que la surenchère dans laquelle nous sommes embarqués ne présage rien de bon. Gabriel Attal, notre Premier ministre dénonce lui-même le danger des écrans, qu’il considère pour les enfants comme « une catastrophe éducative et sanitaire en puissance ».
Si nous ne voulons pas finir par écœurer l’« homo connecticus », il est urgent de faire évoluer nos recettes. Car la quête de l’audience et des clics nous a indéniablement emporté vers des contenus toujours plus racoleurs, tordus (dans leur format notamment), qui accrochent, certes, mais qui n’apportent rien, dérangent et manipulent notre attention.
Il est temps de faire évoluer les codes d’un univers qui a trop longtemps fermé les yeux sur ses dérives. Pour y parvenir, il n‘existe pas trente-six solutions, la formule se résume en un mot : la pertinence. C’est-à-dire être visible sans omniprésence, visible sans être inutile. Le but est de créer une forte valeur ajoutée et de se démarquer en réduisant la fréquence de publication mais en augmentant la qualité du contenu, pour mieux engager. L’idée est donc de revenir au fameux adage « less is more ». Proposer des contenus apaisants, aspirationnels, engageants pour des interactions marques-audiences plus harmonieuses, riches, et finalement plus efficaces puisqu’elles minimisent la surcharge sensorielle. Tel est, me semble-il, la voix à suivre.
Guillaume Mikowski, CEO de Brainsonic
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