Inquiète de l'indépendance du Parisien, sa SDJ travaille à une charte éthique
La rédaction du Parisien, inquiète pour son indépendance après une "dérive" éditoriale privilégiant les "convictions de l'actionnaire LVMH", selon sa Société des journalistes, va rédiger une charte éthique, réclamée "depuis des mois" à la direction qui défend, elle, un média "ni neutre ni partisan". "Près de 150 journalistes ont participé à une assemblée générale" le 5 décembre, explique dans un communiqué la SDJ du quotidien du groupe Le Parisien-Les Echos, propriété du groupe de luxe LVMH détenu par Bernard Arnault.
"Engagement a été pris d'élaborer un texte qui précisera les principes essentiels d'indépendance, de liberté et de fiabilité de l'information", et ce malgré les "refus réitérés de la direction" concernant une telle charte, annonce la SDJ. "Finalisé d'ici quelques semaines", ce texte fixera "des règles pratiques, notamment" sur le traitement de sujets en lien avec LVMH, "plusieurs fois" sources de "difficulté" ces "derniers mois", avant "un vote de la rédaction". "Cette initiative répond à une inquiétude grandissante", explique la SDJ, selon qui la ligne éditoriale du Parisien "semble aujourd'hui prendre pour boussole les convictions de notre actionnaire davantage que les attentes de nos lecteurs".
La clause de conscience
Fin mars, les journalistes avaient déjà dénoncé un traitement "partisan" de la réforme des retraites, certains retirant leur confiance à la direction de la rédaction lors d'un vote. Selon la SDJ, début novembre, le PDG du groupe, Pierre Louette, a affirmé que "c'est l'actionnaire qui valide la ligne parce que s'il paye un journal qui n'a pas la ligne qu'il souhaite, il va arrêter de payer". Mais la nouvelle ligne voulue comme "pro-institutions", "laïque", et "anti-extrêmes" s'est traduite "par des éditos et des Unes pro-exécutif" et "tranche" avec "la tradition du Parisien", qui n'est "pas un journal d'opinion" ni "un outil d'influence" de LVMH, estime la SDJ, s'inquiétant pour la couverture des JO, dont LVMH est "l'un des principaux contributeurs".
"Il ne faut pas confondre indépendance des rédactions et ligne éditoriale", a réagi la direction du groupe dans un message à l'AFP. Décrivant Le Parisien comme un média "populaire", "jamais populiste", "attaché aux valeurs de la République, de la laïcité et de l'Etat de droit", "européen convaincu" et "inscrit dans l'économie de marché", "ni neutre, ni partisan", elle rappelle que les journalistes en désaccord peuvent bénéficier d'une clause de conscience pour partir avec des indemnités de licenciement. Des craintes similaires ont également émané cette année de l'autre titre-phare du groupe, Les Echos, notamment lors d'une grève en juin.