Le futur du divertissement est arrivé et nous, les boomers, sommes passés à côté !

plasseraud

Petite, le divertissement en famille [dans ma famille] consistait à regarder les émissions tv populaires le samedi soir et le dimanche après-midi. Entendons-nous : il s'agissait de la télé linéaire à l’époque… Champs Elysées animé par Michel Drucker (qui, notons-le, est toujours sur les antennes 40 ans plus tard), l’Ecole des Fans avec Jacques Martin ou un de mes divertissements préférés à l’époque : Intervilles avec Léon Zitrone. Ça c’était dans les années 80… Les choix étaient limités, les audiences étaient donc au RDV et les annonceurs ne se posaient pas la question d’investir les spots publicitaires.

Aujourd’hui le divertissement se consomme différemment. Toujours via la TV linéaire bien sûr, pour une certaine tranche de la population qui regarde TF1, France 2, France 3, M6, etc. Via les plateformes type Netflix, Prime Video, Disney+ pour d’autres, qui y accèdent via leur écran TV, tablette ou téléphone par exemple. Et puis il y a le divertissement créé par ceux qu’on appelle les influenceurs ou créateurs de contenus sur Twitch, YouTube, TikTok, Instagram et que l’on consomme via son portable, son PC, sa tablette, voir également via son écran de TV connecté.

Les influenceurs génèrent des audiences à rivaliser avec certains grands médias et pourtant, nombreuses sont les marques qui hésitent encore à investir ce médium. L’actualité récente générée par la proclamée « papesse des influenceurs » n’a certainement pas aidé, le terme d’ « influvoleurs » ayant porté préjudice au métier de l’influence, alors qu’il s’agissait principalement de dérives issues de stars de la télé-réalité reconverties en influenceurs…. Alors pour la suite je vais utiliser le terme "créateurs de contenus" pour éviter les amalgames.

Le roi des créateurs de contenus en France se prénomme Squeezy, et si vous n’avez jamais entendu parler de lui, vous êtes certainement un véritable boomer. YouTubeur depuis l’âge de 13 ans, millionnaire depuis l’âge de 19 ans, Squeezie est à l’origine du GP Explorer, cette course de F4 au cours de laquelle 12 écuries composées de stars d’internet s’affrontent sur le mythique circuit Bugatti au Mans, et dont la seconde édition vient d’avoir lieu ce week-end passé. Même la TV linéaire en a parlé en boucle !

60 000 spectateurs, un divertissement à en couper le souffle, des animations de 7h du matin à 23h30, des guests stars à gogo issues d’internet, un public engagé à 150% tout au long de la journée, chantant en masse à la moindre apparition d’un de leurs créateurs de contenus préférés (et ils étaient tous là !), hurlant la Marseillaise en début de course et envahissant la piste après la course… Une énergie de dingue, digne d’un show que l’on qualifierait « à l’américaine » et que je n’ai jamais expérimenté ailleurs !

Côté audience, au-delà des 60 000 spectateurs (qui sont les chanceux ayant réussi à obtenir un billet, ces derniers ayant été vendus en moins d’une heure), ce sont plus de 1,3 M de personnes qui se sont rassemblées devant le live Twitch au pic de son audience. Soit plus que les 1,21 million de téléspectateurs que compte la F1 en moyenne en 2023 selon Canal+ qui détient les droits de diffusion depuis 2013 et qui note un doublement de l’audience depuis sept ans…

Pourtant, autant les annonceurs ne se posent pas la question d’investir les spots TV de la F1 (et de la télé en général), autant ils sont encore peu à oser investir stratégiquement et à long terme le médium des créateurs de contenus. Alors, mis à part les annonceurs partenaires de ce GP Explorer 2, qui ont bien compris l’enjeu pour toucher la « Génération Z », je suis curieuse de comprendre pourquoi la télé est encore une si grande priorité au détriment d’autres canaux. Incompréhension des mécaniques d’engagement marques-créateurs de contenus ? Frilosité ? Démultiplication et complexification des touchpoints et impossibilité d’investir l’intégralité de ces points de contacts ? Ou bien alors, sommes-nous tous restés bloqués comme Jacques Séguéla sur le fait que « le plus efficace fabriquant d’ADN, cette âme des marques, reste le spot et aucun format, aucun autre média, n’a su à ce jour le remplacer » comme il le proclame dans son livre « Le diable s’habille en GAFA » ?

Hors, selon le rapport Global Web Index « Connecting The Dots 2023 », la Gen Z recherche des expériences digitales captivantes, et cette jeune génération est plus encline à acheter si “c'est amusant”. Le fait est de constater que la Génération Z est passée maître de l’engagement, du divertissement, de l'amusement et qu’il serait temps de s’en rendre compte et de s’y adapter pour capter les audiences en tant que marque.

(Les tribunes publiées sont sous la responsabilité de leurs auteurs et n'engagent pas CB News).

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