Entreprise : 5 leçons à tirer du poker pour traverser la crise de la Covid !
Un bon ami me dit il y a un an... « C’est incroyable, lorsqu’on ne te connaît pas, tu apparais comme quelqu’un de très calme, posé, mais lorsqu’on apprend à te connaître vraiment, tu es tout sauf ça ! ». Ce jour là je prends conscience qu’en effet, je renvoie l’image de quelqu'un de serein, alors que ma nature profonde en est tellement éloignée …
Aujourd’hui je dirige une société touchée de plein fouet par la pandémie liée à la Covid. Evidemment, je suis inquiète mais rien ne peut me déstabiliser. Ma vision est claire pour mener à bien toutes les stratégies afin de traverser aisément cette crise économique sans précédent.
Cette maitrise de mon esprit et de mes émotions, c’est le poker qui me les a appris.
Voici comment, en 5 leçons !
1. Développer des qualités importantes d’empathie : connaître et comprendre ses concurrents
Lorsqu’on commence à jouer au poker, on apprend rapidement que l’important ce n’est pas tant son jeu, que celui de ses adversaires. Le joueur débutant est tellement concentré sur ses cartes, attendant la carte magique qui viendra lui apporter la main gagnante, qu’il perd de vue le jeu de ses adversaires, les tirages que ceux-ci cherchent et qui pourraient vous battre. Le fait d’être concentré sur son jeu empêche d’écarter le danger venant de ses adversaires, d’anticiper leurs mains gagnantes. Il en va de même dans les affaires… combien ai-je connu d’entreprises, au cours de ma vie professionnelle, dont les bureaux d’études avaient si bien conçu leurs produits, repoussé toutes les limites techniques, qui étaient supérieures à celles de leurs concurrents, mais… leurs concurrents avaient, par exemple, un produit tellement plus facile à installer. Et pourtant, cette supériorité technique, par laquelle ils étaient obnubilés, était moins déterminante dans les critères de choix des clients. Et c’est ainsi qu’ils se faisaient grignoter leurs parts de marché sans n’y rien comprendre. Etre autant, sinon plus, concentré sur les bruits du marché (clients, concurrents, presse spécialisée, etc) que sur ses propres produits est une des clé d’un marketing produit réussi ! En résumé, un bon joueur, comme un bon manager, développe des qualités importantes d’empathie.
2. Rester patient en toutes circonstances
Vous êtes vous peut-être demandé un jour en voyant une partie de poker à la télé, « mais pourquoi parlent-ils autant ??? » de vraies pipelettes… pour deux raisons : pour déconcentrer l’adversaire, qui peut donc passer à côté d’une action importante d’un des joueurs, mais aussi pour soutirer, à leur corps défendant, des informations sur leurs mains aux autres joueurs ! Et quand bien même ils ne parleraient pas… étudier leurs gestes, tics, mimiques, sourires… car nous savons tous que le non verbal est au moins aussi important que ce qui est exprimé. Qui est passé par les négociations avec la grande distribution comprendra ces dernières lignes… déconcentrer, déstabiliser, surprendre, sont parmi les méthodes bien connues des négociateurs aguerris !
Et si l’envie vous prend de jeter l’éponge, céder, c’est à ce moment précis qu’ils portent le coup fatal pour vous faire plier ! Le poker, en la circonstance, vous apprendra aussi autre chose : la patience… car passer 9 ou 10 heures d’affilée assis à une table de jeu, en étant concentré et en passant parfois de longues heures sans avoir de jeu mettra vos nerfs à rude épreuve… et vous apprendra la patience.
3. Jongler entre intelligence émotionnelle et cartésienne
Le poker vous apprendra aussi, comme dans les affaires, que les diversités culturelles imprègnent les hommes et les femmes, et qu’un chinois ne jouera pas de la même façon qu’un scandinave, pourtant tous deux excellents joueurs. Les ressorts du jeu avec des personnes d’autres cultures seront très différents, et vous devrez adapter votre propre stratégie en fonction de la personne qui sera en face de vous. Les chinois seront globalement (désolée pour ces généralités, mais elles s’appliquent aussi aux français !) plus impulsifs, prendront des risques qui pourront paraître inconsidérés. Là où les scandinaves basent tout leur jeu sur les statistiques : deux logiques opposées ! Mais comment dire que l’une prévaut sur l’autre ? Certains entrepreneurs assoient leurs décisions sur leur instinct, d’autres en se basant sur des tableaux de chiffres, parfois les deux. Il est toutefois important de savoir qui vous avez en face de vous, et sur quel levier jouer… Car la psychologie, l’observation, l’écoute, sont d’autres qualités indispensables aux joueurs de poker comme aux hommes d’affaires. Rarement, en tout début de partie, je n’ai joué de mains : j’ai toujours attendu que quelques tours se jouent pour observer qui j’avais en face de moi, à quel style de joueur j’avais affaire. De même qu’en manageant votre équipe ou lors de négociations clients ou fournisseurs, si vous êtes braqué sur vos objectifs, que vous ne cherchez pas à comprendre la logique de l’autre, ce qui le meut, vous risquez de passer à côté de beaucoup d’informations et de manquer d’efficacité in fine. Etre un bon joueur ou un bon manager, c’est aussi, le plus souvent possible, faire montre de psychologie humaine, de ce qu’on appellerait en langage d’entreprise l’intelligence émotionnelle… Se baser sur des probabilités est évidemment plus raisonnable et cartésien, mais l’intuition bien dosée, peut faire la différence.
4. Miser sur la prise de risque et le temps calme
Le poker est avant tout un jeu de stratégie. Et la stratégie est aussi la colonne vertébrale de tout ce que peut entreprendre une entreprise : elle fédère, elle organise. Construire sa stratégie au poker est vital. Vous n’adoptez pas la même en fonction du jeu auquel vous jouez : en tournoi il faudra viser le long terme, profiter des premières mains pour se construire au plus vite un bon stock de jetons qui vous permettra de tenir plusieurs heures pour, peut-être arriver en table finale. Ce qui implique de prendre finalement beaucoup de risques au début, et moins en fin de parcours pour « tenir » lorsque vous aurez un passage à vide, de moins bonnes cartes, pour mieux reprendre des risques lorsque vous ne serez plus que 10, puis 5 puis 2 en fin de parcours. La vie de l’entreprise pourrait se calquer sur ce schéma : une très grande prise de risque en début, avec beaucoup d’acteurs, moins ensuite pour assurer sa pérennité, puis de nouveau pouvoir être plus offensif lorsque la plupart des concurrents n’existent plus… La stratégie s’adaptera aussi aux joueurs en présence : ceux qui cherchent à vous impressionner, ceux qui vous sous-estiment, ceux qui vous charment, ceux qui sont redoutablement intelligents et que vous avez peut-être sous-estimés à votre tour, etc… Une stratégie bien connue des joueurs consiste à capitaliser sur un bon coup. Vous venez d’avoir une main excellente et de remporter la mise face à des adversaires qui eux aussi avaient de bonnes mains et ont énormément misé : vous remportez un très gros pot : c’est le moment de passer à l’attaque ! Vos adversaires sont sonnés, ils mettent une ou deux mains, parfois plus, à s’en remettre. Vous les avez impressionnés, surpris, ils se méfient désormais, voir vous craignent : mettez le paquet ! Vous remportez un gros client, une très belle référence pour votre business : partez à l’attaque chercher d’autres gros clients que vous n’auriez pas imaginé pouvoir conquérir, vos concurrents mettront peut-être, avec de la chance, un certain temps à réagir ? Le point commun entre tous les entrepreneurs qui ont lancé leurs business avec réussite ? Ils vous diront tous avoir pris des risques énormes au début.
La prise de risque, calculée ou intuitive, est également la clé d’une stratégie de jeu réussie. Si vous faites « du frigo » avec vos jetons, comme disent les joueurs, vous passerez un tour, peut-être deux, mais vous n’arriverez jamais en table finale, jamais. La prise de risque est inhérente au jeu et aux affaires. À titre d’exemple, tous les joueurs ont la même attitude lorsque leurs tas de jetons commence à décliner : Ils font tapis. Pourquoi ? Parce que passé un certain seuil : vous ne ferez plus du tout peur à vos adversaires, vous n’êtes plus crédible. Et si vous n’êtes plus crédible à une table, je ne donne pas cher de votre peau… Votre unique recours est de miser tous vos jetons en une fois, de faire « all in ». Lorsque vous le faites, vos adversaires pensent que vous avez une main valable sinon pourquoi jouer son va-tout alors que vous venez de passer parfois 5 ou 6 heures à une table de poker ? Je prends souvent l’image d’une piscine pour mieux comprendre ce qu’est un « all in » et pourquoi il est si important de le jouer à un certain point. Vous sautez dans une piscine, vous nagez, puis vous surnagez, puis ça ne va pas de tout, vous commencez à couler. Lorsque vous êtes sous l’eau : comment remonter sans appui, sans bouée ? c’est impossible. Une seule solution : toucher le fond le plus violemment possible pour prendre appui avec ses deux pieds, pousser de toutes vos forces pour remonter à la surface grâce à une grande impulsion ! C’est ça faire « all in » : prendre un risque énorme, celui de toucher le fond de la piscine, mais il n’y a que ce geste qui vous permettra de remonter à la surface et de ne pas mourir. Si vous cherchez à nager entre deux eaux, vous êtes mort ! La prise de risque est vitale à l’entreprise, et vitale au jeu.
5. Rester Fair play, toujours !
Je me souviendrai toujours de ce tournoi à St Martin il y a 5 ou 6 ans. Je participe à un tournoi local, dans mon casino habituel. Un très grand tournoi international (CPT) commence le lendemain dans un autre grand casino. De nombreux très grands joueurs internationaux sont là, invités par les organisateurs. Ils viennent pour un petit tour de chauffe dans notre casino d’habitués la veille au soir. Les heures passent aux tables, il est 4 heures du matin, nous arrivons à 10 en table finale. J’ai le plus petit tas de jetons devant moi, je ne donne pas cher de ma peau. Un ami, grand joueur de poker vient près de moi et me glisse dans l’oreille avant la première main : « Sandra, laisse-les s’entre-tuer, ne bouge pas. Lorsque tu as une bonne main, fais all-in ». Je respecte ses conseils à la lettre. Nous ne sommes plus que 5. Les autres joueurs proposent de diviser en 5 les dotations : usage très répandu aux tables de jeu. Il permet à tous de répartir la prise de risque. Nous avons tous, à ce stade, un nombre de jetons à peu près équivalent, sauf moi, qui en ai significativement plus. J’accepte, comme toujours, depuis des années que je joue dans ce casino avec les mêmes joueurs, c’est ma règle de conduite. Un seul joueur refuse : 2e aux jetons, c’est un grand joueur hollandais venu pour le grand tournoi, que personne ne connait. Il refuse aussi à 4 joueurs, puis 3. Nous voici donc face à face. Bien sûr tout le casino est derrière moi : je suis leur amie de jeu, locale, mais surtout j’ai toujours été fair play à une table de poker. J’ai un As et une Dame. Il a un As et un Roi. Avant qu’on ne retourne les cartes j’ai donc perdu. Reste 3 cartes à retourner. La seule carte qui me ferait gagner est une Dame. 30 personnes sont encore là, toutes fâchées contre ce joueur qui a manqué de fair play, toutes derrière moi, leur copine de jeu. Ils crient tous « Queen ! Queen ! » pour appeler la Dame… Et une Dame se retourne à la dernière carte. Je me souviendrai toute ma vie de cette effusion de joie collective autour de moi. Quelle adrénaline ! Quel moment incroyable ! Le jeu est le jeu, les affaires sont les affaires, mais on peut toujours rester élégant. La vie finit toujours par vous en savoir gré…
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