Marcel Botton (Nomen) : "Travaillons, non pas pour gagner plus, mais pour gagner tout court"
Le temps passe, la fin du confinement s’approche et CB News poursuit ses rencontres à distance avec les acteurs du monde de la communication. Ce matin, rendez-vous avec Marcel Botton, fondateur et directeur général délégué de l’agence de création de marques Nomen.
Confinement, télétravail… les process ont-ils été faciles à mettre en place ? Tout se passe-t-il comme prévu ?
Tous les collaborateurs de Nomen pratiquaient déjà occasionnellement le télétravail, et les infrastructures techniques étaient déjà opérationnelles et rodées depuis 2019 : appels téléphoniques entrants des lignes fixes renvoyés automatiquement et de façon transparente vers les mobiles professionnels, accès distants sécurisés à nos serveurs, duplication des écrans des postes de travail sur les ordinateurs portables, inscription sur les principaux services de téléconférence cryptés. Un cas particulier pour notre bureau allemand : la directrice revenant d’une réunion à l’étranger début mars, elle s’est autoconfinée à son domicile pendant 15 jours, sans que cela empêche le bureau de fonctionner.
Les demandes des clients ont-elles évolué au fur et à mesure de la durée du confinement ?
Nous avons eu tous les cas de figure : « business as usual », report partiel, report total, réduction de volume, annulations ; en grande partie selon les secteurs d’activité, plus ou moins touchés. Par exemple, nos clients dans le BTP, dans l’automobile, dans les technologies exportatrices, ont beaucoup souffert. Mais il me semble percevoir depuis quelques jours, chez tous nos clients, une grande volonté de ne pas se laisser abattre et de faire le maximum pour ne pas contribuer à un grand effondrement. Et puis, du côté des bonnes nouvelles, nous sommes heureux de voir que des marques créées par Nomen bénéficient d’une actualité favorable et ont su apporter des réponses aux événements présents : Vestiaire Collective (mode d’occasion) et Andjaro (gestion de transfert ponctuel de collaborateurs) ont annoncé d’importantes levées de fonds récemment, Unlatch se rend indispensable en digitalisant les ventes de logements neufs…
Quels enseignements pourriez-vous tirer de cette période ?
Il en va du monde économique comme de bien d’autres, le scolaire par exemple, les situations sont incroyablement diverses et complexes, selon les secteurs et sous-secteurs, tailles d’entreprise, localisations, et… les anticipations des chefs d’entreprises. Or les acteurs, entrepreneurs, cadres, collaborateurs, font preuve de beaucoup d’imagination, d’une grande énergie, d’un sens du collectif, d’une générosité qui m’impressionnent. Si nous leur faisons confiance, ils créeront au jour le jour le monde de demain, qu’aucune planification ne saurait imaginer. Après le grand confinement qui était nécessaire pour créer une prise de conscience, l’heure est à la « subsidiarité », les meilleures décisions sont prises au plus près du terrain, et au meilleur moment. Et c’est à la fois en tant que chef d’entreprise et en tant qu’élu local que je peux en apprécier l’efficacité.
Y aura-t-il un avant et un après coronavirus pour votre entreprise ? Pour le secteur ?
Les incertitudes sont immenses, en particulier sur l’évolution de la pandémie et sur celle du choc économique, social, géopolitique. Par certains aspects, nous surréagissons et par d’autres, nous sous-estimons les conséquences. De plus, les prédictions sont parfois auto-réalisatrices. Je voudrais donc joindre ma modeste voix à celle, insuffisamment audible, des scientifiques, et économistes compétents : aujourd’hui, nous ne savons pas. Alors, travaillons. Non pas pour gagner plus, mais pour gagner tout court.