Tristan Daltroff et Louis Audard (Buzzman) "le monde ne s'est pas arrêté de vivre, il s'est adapté"
Nous confinons ensemble et continuons d'informer avec, comme vous, l'espoir de se croiser bientôt en vrai. Même à un mètre ou deux. Nous poursuivons notre série d'interviews, débutée le 17 mars (!), avec aujourd'hui le témoignage de Tristan Daltroff et Louis Audard, directeurs de création à l'agence Buzzman.
1) Comment y arrivez-vous ? ou pas ? A travailler, à inspirer, à créer ?
Tristan Daltroff : c’est dingue comme cette situation est fertile. J’ai l’impression qu’on crée dix fois plus de trucs que lorsqu'on est au bureau. Peut-être parce que le cœur de notre métier est dématérialisé finalement. Une idée n’a pas besoin d’un bureau pour s’inventer. Et le contexte actuel accélère tout. Les clients veulent parler ou agir vite. On doit les aider à répondre vite. Il y a moins d'intermédiaires, moins d’étapes. Donc plus d’efficacité. Mais il y a aussi plus de contraintes aussi. Avant de pouvoir retourner au bout du monde pour shooter un film à gros budget, il faut s’adapter, se réinventer. Et on y arrive plutôt bien. Notre client Burger King en France et en Belgique, qui a fermé ses restaurants, a aussi décidé de continuer à communiquer. Et à en croire les bons retours de nos dernières campagnes, il a bien fait...Télétravail, simplicité, agilité... Toute l’agence y est pas mal rodée et je félicite tout le monde. Mais on a de la chance, ce n'est pas aussi évident pour tous les métiers.
Louis Audard : comme dit Tristan cette situation nouvelle nous oblige à travailler différemment. Mais c’est vrai que, côté créatifs, nos idées peuvent naître n’importe où. Et avec les outils dont on dispose aujourd’hui il n’est pas si difficile de tous rester en contact et d'accompagner nos clients pour faire face à cette crise. L’agence continue de produire des campagnes et je remercie nos équipes créatives qui ne cessent de proposer des idées. On arrive à s’adapter malgré les contraintes, mais j’avoue avoir hâte de retrouver mon bureau et les équipes… Les rendez-vous en visio, ce n’est quand même pas le top.
2) Avez-vous “trouvé” de nouvelles sources d’inspirations ?
Tristan Daltroff : je crois qu’Internet connaît son heure de gloire. On est tous connectés. Et même si Pornhub offre des abonnements premium, plein de monde s’adonnent à d’autres activités :) Je n'ai jamais vu autant de créativité qu’en ce moment. Du simple meme qui nous aide à garder le sourire, aux initiatives plus engagées qui font avancer le monde, il y a vraiment une émulation incroyable. Il doit y avoir plein de citations d’artistes connus ou de philosophes qui disent que c’est "quand t’es en grosse galère que tu crées le mieux". Du pire naît le meilleur quoi... Ça a l'air de se confirmer. Internet donne de la visibilité à toutes ces idées et donne aussi envie d’en créer. Tout le monde s’y met et parfois ça fait rêver.
Louis Audard : l’inspiration aujourd'hui passe essentiellement par internet. Il suffit de regarder les réseaux sociaux et on peut voir à quel point les gens sont créatifs. Le monde ne s'est pas arrêté de vivre, il s'est adapté à cette situation particulière. Personnellement je suis abonné à pas mal de plateforme, Netflix, Amazon prime vidéo, Canal plus… Du coup je regarde des séries, des documentaires, des films. Ce sont mes moments d'évasion où je n'ai plus l'impression d'être bloqué chez moi. Heureusement qu'on n'a pas été confinés à l'époque du minitel.
3) Qu'est-ce qui vous manque le plus dans la pratique de votre métier
Tristan Daltroff : bah je n'ai pas de babyfoot à la maison. Vivement la rentrée, on pourra revoir les gens qu'on aime et qui nous manquent vraiment, mais en gardant ses distances de sécurité. La largeur du baby fait un mètre je crois.
Louis Audard : plus sérieusement, il ne nous manque pas grand-chose pour exercer notre métier de façon pragmatique. Ce qui manque c'est le contact, la proximité, la convivialité. Chez Buzzman cette convivialité est un atout qui m'a toujours impressionné depuis plus de 10 ans. Du coup, les copains de l'agence me manquent et même l'agence me manque. Les gens qui entrent dans ton bureau pour te raconter une idée ou juste comme ça, pour discuter. Les gossips, les engueulades… La vie d'agence quoi ! Et cette effervescence, en réalité, anime nos esprits et aide à la création. Et puis, le baby-foot :)
4) Notre imaginaire n'est pas confiné lui : où va le vôtre …
Tristan Daltroff : dans le bricolage de gifs rigolos, une recette improvisée avec les restes du frigo, des campagnes pour les clients de l’agence, des réflexions personnelles sur tout ce bazar... Allez je sors l'harmonica là, je suis un déglingo.
Louis Audard : ma créativité va surtout pour les clients de l'agence. Mais mon imaginaire m'emmène en vacances, loin dans un pays exotique. Ou parfois à une simple terrasse de café, mais bon il faut prendre son mal en patience.
Tristan Daltroff : moins de visio, plus d’apéros !