Le plaisir avant tout…
Jean-René Buisson, président de Sopexa, l'agence de communication et de marketing international, 100% food & drink, plaide pour une approche positive des questions d'alimentation. Une tribune parue également dans le numéro 49 Spécial Food de CB News
Entre ferveur populaire et lynchage médiatique, dès qu’il s’agit d’alimentation, notre société atteint le paroxysme du paradoxe ! Le sujet déchaîne les passions : en France comme à l’étranger, des DIY aux millions de vues aux émissions blockbuster dominant les audiences, l’engouement du grand public pour la cuisine et la gastronomie ne faiblit pas. Dosettes à vin, frigo intelligent, robot barman… Il se renforce même, si l’on en croit les tendances présentées lors du dernier CES de Las Vegas.
Phénomène de société désormais bien établi, cet emballement s’est évidemment accompagné d’exigences croissantes. Les consom’acteurs se renseignent, comparent, commentent et choisissent en raison de leurs valeurs et de leur budget. Rien de plus normal, me direz-vous ! Et pourtant, il semble qu’il n’y ait plus de place pour un traitement serein des sujets food. Que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux, l’information y est systématiquement anxiogène… Producteurs et industriels font invariablement l’objet de défiance pour ne pas dire de matraquage pas un jour sans un sujet à charge, l’alimentation y est — quand elle ne tue pas — au mieux source de maladie. Pour quel résultat ?
Non, il faut en finir avec ce trend négatif qui porte préjudice à tous de la fourche à la fourchette.
Remettons les choses à leur place ! Que l’alimentation soit omniprésente dans nos vies est naturel : se nourrir, reste un besoin primaire… Mais il est temps de nous réapproprier les fondements mêmes de notre culture alimentaire. Qualité, goût, partage, tradition et plaisir, sont les piliers de cette culture qui a valu au Repas des Français d’être inscrit au Patrimoine immatériel de l’Unesco.
Cet héritage, très fort, assumons-le ! En tant que communicants, notre rôle est d’accompagner, de conseiller les industriels et de les encourager à revenir à une communication responsable.
On en vient à oublier les fondamentaux. Alors que nous choisissions un produit pour ses qualités, nous achetons aujourd’hui un produit pour ce qu’il n’a pas ou même pour ce qu’il n’est pas ! L’allégation « sans » qui envahit les rayons, nourrissant inquiétudes et confusions en est un bon exemple. Elle stigmatise les produits qui n’en feraient pas partie, cannibalise et plus grave, elle tend, à décrédibiliser ceux, comme le « sans gluten », qui répondent à de réels besoins. Comment ne pas être perdu ? Pour sortir de ce cercle vicieux qui enferme industriels, marketeurs et médias, nous plaidons pour une communication « juste et transparente », qui prend le temps d’expliquer. Il aura fallu de l’audace à Fleury Michon pour inviter les consommateurs à aller vérifier par eux-mêmes le processus de fabrication de son produit phare et ainsi en finir avec une légende urbaine bien ancrée…
Remettons du positif dans nos communications et soyons fiers de nos produits ! Nous avons la chance de vivre dans un pays où l’obésité marque le pas, où la qualité reste une priorité, et où la sécurité des aliments est élevée. Alors arrêtons de nous autoflageller et valorisons ce secteur qui porte haut et fort les couleurs de la France à l’extérieur de nos frontières.
Revenons aux basiques : goût, partage, échange… Parce que oui, manger, c’est avant tout se faire plaisir !