Taxer les Gafa pour soutenir les artistes ?
Pour soutenir les artistes fragilisés par la crise née de la pandémie, il faut "taxer les Gafa pour rééquilibrer les choses" expose à l'AFP Jean-Michel Jarre, président de la Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs (Cisac). "Il faut une juste rémunération par les Gafa, ces géants du numérique se font du beurre sur le dos du virus, n'ont jamais autant gagné d'argent. Sinon, en 2021, c'est 50% des acteurs culturels qui vont disparaître dans le monde", développe le musicien. La Cisac et l'Unesco, dont il est ambassadeur de bonne volonté, ont lancé ResiliArt, mouvement pour soutenir la culture en ces temps de pandémie. "Sans culture, pas de société possible", martèle auprès de l'AFP la chanteuse Angélique Kidjo, vice-présidente de la Cisac. "Il faut que les gouvernements aident les artistes de manière urgente. L'Europe et la France ont un rôle à jouer, poursuit M. Jarre. Le Covid-19 est avant tout une crise sanitaire, avec des malades à sauver. Mais en confinement, il n'y a bien souvent que deux activités, sortir pour chercher de la nourriture et consommer de la culture". "On considère souvent les artistes comme subalternes, mais vous imaginez un monde confiné sans musique, sans film, sans livre ? Sans jeu de mots, les artistes apportent de l'oxygène dans nos existences", ajoute l'auteur de l'album-tube "Oxygène". "En dehors de l'Europe, la situation de certains artistes est désastreuse, ils n'ont plus rien à manger, insiste le patron de la Cisac. Et dans certains pays, on n'est pas fâché qu'ils soient affaiblis, car leur voix, libre, porte moins". "C'est un défi profond pour la liberté d'expression", renchérit Angélique Kidjo.
Face au "lobbying" des géants du numérique "pour remettre en question l'idée du copyright", M. Jarre prône "un copyright éternel : au lieu que les droits finissent dans le domaine public, ils tomberaient dans un fonds de solidarité pour les artistes en précarité". Jean-Michel Jarre pense aussi à l'après-confinement : "Il faudra apprendre à respecter la valeur de l'artiste et monétiser les pratiques culturelles sur les plates-formes, sortir de l'idée de gratuité". Il s'énerve en pensant à ceux "qui disent qu'une appli à 4 euros, ou un album 9 euros, c'est un peu cher. Les mêmes achètent des baskets à 100 euros ou des T-shirts à 50 euros !". "Les gens qui gèrent les plates-formes sont payés pour le faire et les artistes, eux, ne seraient pas payés pour leur travail ? C'est impossible à entendre", conclut la chanteuse béninoise.