Les SDJ de Paris Match et du Journal du Dimanche se sont "sabordées"
Les Sociétés des journalistes (SDJ) de Paris Match et du Journal du Dimanche (JDD) se sont "sabordées", ce qui laisse ces titres "sans contre-pouvoir en interne" face au contrôle du milliardaire Vincent Bolloré, a-t-on appris vendredi auprès d'un de leurs membres
La SDJ du JDD a voté sa dissolution mardi dernier, et celle de Paris Match a disparu le même jour, aucun candidat ne s'étant fait connaître après la démission des membres de son bureau, confirmant une information du site Les Jours.
Le propriétaire de ces journaux, le groupe Lagardère, qui possède aussi Europe 1, est depuis novembre sous le plein contrôle de Vivendi, groupe contrôlé par la famille de Vincent Bolloré. La SDJ de Paris Match avait dit en décembre son désaccord avec le choix d'une Une consacrée à une crèche de Noël dans un foyer parisien appartenant à Vincent Bolloré. Les trois membres du bureau de la SDJ ont démissionné à la suite d'une réunion houleuse avec la direction de Lagardère News. A l'été 2022, l'ancien rédacteur en chef politique et économie de Paris Match Bruno Jeudy avait été écarté de ce poste après la publication d'une Une contestée par la SDJ, consacrée au cardinal ultra-conservateur Robert Sarah. Une motion de censure avait été votée contre la direction. En juin dernier, une membre de la SDJ, laquelle s'était inquiétée d'une ingérence de M. Bolloré dans les choix éditoriaux du magazine, avait été licenciée.
Une coquille vide
Du côté du JDD, les membres de la SDJ du journal ont voté à l'unanimité sa dissolution car elle était devenue une coquille vide. Regroupés dans l'association "Article 34", d'anciens membres ont précisé sur X (ex-Twitter) qu'"elle n'intervenait plus depuis la fin de la grève, le 1er août, à l'issue de laquelle 95% des journalistes ont choisi de quitter ce titre désormais dirigé par Geoffroy Lejeune", ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles. La SDJ était restée en place pour suivre ces départs d'une cinquantaine de journalistes en CDI et d'une quarantaine de pigistes.
"Si les membres des bureaux des SDJ ne bénéficient pas d'un statut protecteur, à l'image de celui des élus syndicaux, le risque d'un affaiblissement voire d'une disparition progressive de ces associations garantes du respect de la déontologie et de l'indépendance est réel", alerte l'association "Article 34", qui défend "la liberté, le pluralisme et l'indépendance des médias". La direction de Lagardère n'a pas réagi dans l'immédiat.