Netflix officialise une offre avec publicité pour novembre
Netflix va lancer en novembre son nouvel abonnement avec de la publicité dans douze pays, dans un effort de relance de la croissance de ses abonnés, après en avoir perdu des centaines de milliers dans le monde pendant les deux premiers trimestres de l'année.
L'abonnement le moins cher coûtera 6,99 dollars par mois aux États-Unis (5,99 euros en France pour le tarif "Essentiel" avec pub) et comportera des annonces de 15 à 30 secondes, diffusées au début et au milieu des programmes. Les offres de base sans publicité restent à leur prix actuel (9,99 dollars aux États-Unis et 8,99 euros en France). "Nous croyons fermement qu'un prix moins élevé pour les consommateurs, avec une solide monétisation des annonces, va nous permettre de croître notre nombre d'abonnés et avec le temps de générer des revenus supplémentaires significatifs", a déclaré Greg Peters, le directeur des opérations, lors d'une conférence de presse. Le groupe de streaming coupe ainsi l'herbe sous le pied de Disney+, qui va lancer sa propre offre avec de la publicité en décembre, pour 7,99 dollars par mois. L'abonnement de base passe à 10,99 dollars.
4 à 5 minutes de publicité par heure
Au premier trimestre 2022, Netflix avait perdu 200.000 abonnés dans le monde par rapport à la fin 2021. La nouvelle avait fait plonger son cours de Bourse de 25%. Puis, de mars à juin, ce sont 970.000 abonnés qui avaient quitté la plateforme. Le pionnier du secteur a annoncé en avril son intention de proposer une formule d'abonnement moins chère, mais avec de la publicité, après des années à refuser cette solution moins prestigieuse. Il s'est allié à Microsoft pour mettre en place ce nouveau système. Concrètement, les utilisateurs ayant choisi ces nouvelles offres verront en moyenne 4 à 5 minutes de publicité par heure. Les programmes pour enfants ne seront initialement pas concernés et pour certains films récents, les annonces seront plus longues, mais diffusées seulement au tout début. En matière de ciblage, les annonceurs pourront choisir les pays et le genre (comédie, action, documentaire...) et exclure certaines caractéristiques (violence, nudité...) selon le modèle prédominant à la télévision traditionnelle. Netflix récoltera des informations comme le sexe et l'âge de ses utilisateurs et n'exclut pas de faire plus tard du ciblage publicitaire dit comportemental, c'est-à-dire personnalisé en fonction des préférences des individus, comme sur internet.
Netflix verra son audience mesurée au Royaume-Uni
Pendant ce temps-là, au Royaume-Uni, le Broadcasters Audience Research Board (BARB) a officialisé le 12 octobre la signature d’un accord avec Netflix pour la mesure de ses audiences. Une première pour le service de SVOD en Europe. Dans les faits, dès la « deuxième semaine de novembre », le BARB rendra public pour les services de SVOD et AVOD souscripteurs qui représentent plus de 0,5% du « visionnage total identifié », leur portée mensuelle et leur part de visionnage. La société de mesure communiquera parallèlement son rapport hebdomadaire sur les 50 meilleures émissions afin d’y inclure toutes les émissions des canaux linéaires et de SVOD/AVOD. Dans son communiqué, BARB assure que les données de visionnage de Netflix seront disponibles pour tous ses clients dès le matin du 2 novembre. Reed Hastings, co-CEO de Netflix rappelle dans le communiqué que dès 2019 lors de la conférence RTS à Cambridge il avait accueilli « favorablement » l'idée que les audiences de Netflix soient mesurées de manière indépendante. « Nous sommes restés en contact avec BARB depuis lors et nous sommes heureux de nous engager dans sa mesure fiable de la façon dont les gens regardent la télévision au Royaume-Uni », assure-t-il.
Une avancée majeure pour Netflix, donc, alors que le président de Médiamétrie Yannick Carriou s’était montré véhément en juillet dernier dans une interview au Figaro à l’égard des services de SVOD dans l’hexagone qui maintiennent le secret autour de leurs audiences, et que s’annoncent leurs déclinaisons AVOD. « Il est hors de question de laisser des acteurs s’automesurer quand ils entrent en compétition avec les chaines traditionnelles sur le marché publicitaire », s’insurgeait-il. Et de menacer : « sous deux ans, nous serons capables de mesurer les audiences des plateformes avec autant de précision que celles des télés et de les publier tous les jours, que les plateformes collaborent avec nous ou non ». Avec ce contrat avec BARB, Netflix (et les autres : Prime Video, Disney+…) pourrai(en)t-il(s) voir le marché français d’un autre œil et, finalement, jouer le jeu d’une concurrence équitable en signant avec Médiamétrie… A suivre.