Ministère de la Culture : les ambitions de Rachida Dati, le bilan de Rima Abdul Malak

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Rima Abdul Malak et Rachida Dati

Les traditionnels discours prononcés lors des passations de pouvoir entre deux ministres sont toujours (ou presque) très observés. Ceux de la nouvelle ministre surprise de la Culture Rachida Dati et de la sortante, Rima Abdul Malak, n’ont pas échappé à la règle.

Si Mme Dati se dit « fière et émue » par cette nomination qui peut « surprendre », elle entend également dans le cadre de sa mission « rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres de nos écrivains, de nos artistes, de nos acteurs », sachant « personnellement ce que je dois à la culture française : une liberté de penser, une liberté de parler, une liberté de créer, une liberté de diffuser ». Relevant qu’avec Mme Abdul Malak, elles ont en commun « d’incarner la diversité culturelle qui fait la richesse de notre société », souligne la nouvelle ministre de la Culture qui rappelle, s’il en était besoin, qu’elle « aime (se) battre » et qu’elle sera « toujours là pour défendre l’exception culturelle » française. Elle a en outre insisté sur sa volonté de rendre la culture « encore plus présente » dans toutes les villes et les régions, dans tous les territoires. « Il nous faut bâtir une nouvelle culture populaire pour tous, des quartiers à la ruralité », a-t-elle assené. Pointant au passage que « lors de ses vœux pour 2024, le Président de la République (avait) parlé du réarmement de la France. Dans ce réarmement, la culture a une place essentielle à tenir, les industries culturelles et créatives, les nouvelles technologies de diffusion aussi et surtout l’éducation artistique et culturelle ».

"Déjouer la malédiction" (Rima Abdul Malak)

Pour sa part, Rima Abdul Malak n’a pas manqué d’une certaine ironie : « j’espérais parvenir à déjouer la malédiction qui s’est abattue sur le ministère de la Culture depuis plus de dix ans, qui fait que les ministres restent moins de deux ans à leur poste, mais cette malédiction est décidément tenace », alors qu’elle a pu passer 20 mois à sa tête… Parlant tout de même d’une « magnifique responsabilité », la désormais ex ministre affirme être dans le cadre de ses fonctions être « restée libre. Libre de mes engagements, libre de mes prises de position, libre dans mon amour pour les artistes ». Elle en a profité pour mettre en avant son bilan : « développer l’appétit de culture de notre jeunesse, défendre la souveraineté culturelle de la France face à l’hégémonie des plateformes numériques, préserver et transmettre notre patrimoine, apaiser les mémoires par la culture, défendre l’audiovisuel public et lutter contre la désinformation, agir, enfin, pour la transition écologique », a-t-elle encore affirmé. Pointant au passage quelques exemples concrets : l’achèvement des chantiers comme celui de la BNF Richelieu après 12 ans de travaux ou celui de la transformation du Château de Villers Cotterêts en Cité internationale de la langue française ; passer deux lois « historiques » pour faciliter les restitutions des biens spoliés aux familles juives et celles des restes humains appartenant aux collections françaises ; « réussir » à mettre à contribution les plateformes de streaming pour participer au financement de la filière musicale ; « étendre » le pass Culture dans sa version collective aux élèves de 6ème et de 5ème ; ou encore « redoubler » d’efforts pour nos écoles d’architecture… Elle se dit enfin « fière » d’avoir obtenu les budgets « les plus élevés » de l’histoire de ce ministère : « en hausse de 7% en 2023 et à nouveau de 6% pour 2024, avec la création de 125 emplois supplémentaires et la sauvegarde de nombreux crédits d’impôts, qui sont indispensables à la vitalité du secteur de la culture ». De même, après la suppression de la redevance, elle dit s’être « battue bec et ongles » pour sécuriser le financement de l’audiovisuel public et « négocier une trajectoire budgétaire en hausse donnant une visibilité aux entreprises jusqu’à 2028 et fixant le cap de plusieurs transformations ». Pour conclure, un regret peut-être, un incompréhension, sûrement : « je n’ai pas compris pourquoi on me collait si souvent l’étiquette de « techno », moi qui n’ai jamais passé un seul concours administratif de ma vie et qui n’ai jamais travaillé dans la haute fonction publique ».

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