Le menu chargé des États généraux de l’information qui débuteront le 3 octobre

réunion

Fausses infos, mainmise des milliardaires sur les médias, bouleversements technologiques, défiance envers les journalistes... Promesse de campagne d'Emmanuel Macron en 2022, les États généraux de l'information seront lancés ce mardi 3 octobre. Tour d'horizon des principaux enjeux.

Car, quel est l’objectif ? "C'est d'aboutir à un plan d'action" pour "garantir le droit à l'information à l'heure numérique", explique à l'AFP Christophe Deloire, délégué général du comité indépendant qui pilote ces États généraux. Cela pourra passer par des mesures "législatives, fiscales, budgétaires" et par des "recommandations" au secteur, selon M. Deloire, par ailleurs secrétaire général de l'ONG Reporters sans frontières (RSF).  Organisés par groupes de travail, les États généraux débuteront par "une phase de diagnostic jusqu'à la fin de l'année", avant "les propositions". Ils s'achèveront "en mai-juin" 2024. L'une des difficultés est d'éviter d'en faire un événement corporatiste, qui n'intéresserait que les journalistes. "On veut partir des citoyens, en allant leur parler là où ils sont", espère M. Deloire. "Le périmètre est très large : de la qualité de l'information au financement du journalisme jusqu'aux réseaux sociaux et à l'intelligence artificielle, en passant par beaucoup d'autres choses", poursuit-il.

Il faudra également travailler à la distinction à faire entre le vrai et le faux, entre infox et réseaux sociaux, notamment auprès des plus jeunes : "l'éducation à l'information" et sa "fiabilité" seront l'un des enjeux. Selon le baromètre Kantar - La Croix publié en janvier, ces plateformes sont la deuxième source d'information des Français de 18 à 24 ans, derrière les journaux télévisés. Et au niveau mondial, le réseau chinois TikTok est utilisé par 20% des 18-24 ans pour accéder à l'info, selon un récent rapport de l'institut Reuters.

Mais le financement et la concentration de nombreux médias français posent question alors que certains de leurs propriétaires sont soit des groupes privés et/ou quelques milliardaires (Vincent Bolloré, Daniel Kretinsky, Xavier Niel, Rodolphe Saadé...). Pour mémoire, cela a fait l'objet d'une commission d'enquête sénatoriale en 2022. "Ces États généraux doivent permettre d'articuler réalités économiques et principes démocratiques", veut croire M. Deloire.

De même, comment garantir que les propriétaires de médias n'influent pas sur leur ligne éditoriale ?    La question a resurgi cet été avec la grève au Journal du dimanche dont la rédaction s'est opposée en vain à l'arrivée comme directeur du journaliste Geoffroy Lejeune, marqué à l'extrême droite. « Ce serait une erreur de penser que les États généraux sont une réponse à Bolloré, c'est beaucoup plus large", affirme M. Deloire.

Et puis, le sujet de l’Intelligence artificielle préoccupe les médias qui devront s’adapter aux bouleversements apportés. Dernière étude en date, celle du projet JournalismAI de la London School of Economics, qui a sondé plus de 100 médias de 46 pays. Près de trois quarts des répondants ont estimé que des outils comme ChatGPT, capables de générer du texte, représentaient de "nouvelles opportunités pour le journalisme". Mais plus de 60% ont exprimé des inquiétudes sur la qualité éditoriale, la précision ou l'équilibre.

Également au menu, la protection des sources des journalistes et la perte de confiance dans les médias, tendance de fond des dernières années. Plus de la moitié des sondés (54%) du dernier baromètre Kantar - La Croix pense ainsi que "la plupart du temps, il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d'actualité".

À lire aussi

Filtrer par