Loi européenne et espionnage de journalistes : la profession en appelle à Macron

Commission européenne

Une cinquantaine d'organisations de défense de la liberté de la presse appellent Emmanuel Macron à ne pas "torpiller" le secret des sources, dénonçant le "lobbying" de la France à Bruxelles pour autoriser "l'espionnage" exceptionnel des journalistes au nom de "la sécurité nationale". "Sans protection des sources, pas de journalisme, pas de démocratie", lancent dans leur texte les syndicats SNJ, CGT, CFDT et FO, les sociétés de journalistes (SDJ) de nombreux médias (AFP, Le Figaro, Médiapart...), l'association Acrimed ou encore la cellule investigation de Radio France. Leur appel intervient alors que les négociations autour de la "loi européenne sur la liberté des médias" doivent aboutir le 15 décembre.

Gouvernements des Etats membres de l'UE, eurodéputés et Commission Européenne doivent trouver un compromis sur ce texte qui, s'il "comporte une très grande majorité de dispositions renforçant la liberté de la presse", contient "aussi quelques dispositions liberticides", s'alarment les signataires de la lettre ouverte.

Logiciels-espions vs sécurité nationale

Au coeur de leurs craintes, les dérogations réclamées par plusieurs pays, dont la France, à l'interdiction de l'utilisation de logiciels-espions, au nom de la sécurité nationale. "Concrètement, les appels, les e-mails et les échanges sécurisés entre les journalistes et leurs sources liées à ces enquêtes pourraient être interceptés - en toute légalité - par les services de renseignement", soulignent les signataires.

"Nous appelons solennellement le président Emmanuel Macron et le gouvernement français, à retirer cette dérogation au titre de la "sécurité nationale", ajoutent ces organisations. De son côté, Reporters sans frontières a "fait part au ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin de sa préoccupation du maintien de l'exception de sécurité nationale, à l'insistance de la France", redoutant qu'elle soit "utilisée de manière abusive".

"Outre la Finlande et la Suède, la France est rejointe sur cette position par des États où la liberté de la presse connaît des vicissitudes et où, parfois, les journalistes ont pu être inquiétés par les autorités : la Hongrie, l'Italie, la Grèce, Chypre et Malte", déplore l'ONG sur son site.

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