Fanny Annoot-Oualia (20 Minutes): "la rédaction se projette dans l'avenir"
Entre nouveaux formats, réorganisation des contenus et distribution omnicanale, la nouvelle directrice de la rédaction Fanny Annoot-Oualia présente sa feuille de route pour 20 Minutes.
Fanny Annoot-Oualia est depuis le 4 septembre la nouvelle directrice de la rédaction de 20 Minutes. Dans son bureau rapidement aménagé cet été, un écran diffuse une chaîne d’information en continu, tandis que son passé à France Inter transparaît à travers un mug siglé et un portrait de l’ancienne directrice de la chaîne publique Laurence Bloch. Aujourd'hui à la tête de 20 Minutes, Fanny Annoot-Oualia présente sa feuille de route entre nouveaux formats, réorganisation de la rédaction et distribution omnicanale.
CB News : Vous étiez directrice du numérique de France Inter depuis près de trois ans. Comment s’est fait votre arrivée à 20 Minutes ?
Fanny Annoot-Oualia : Ronan Dubois (NDLR : nouveau directeur général et directeur de la publication depuis le débute de l'année), avec qui j’ai travaillé à Konbini, m’a appelé pour me proposer ce poste. J’avais envie de retravailler avec lui et surtout de revenir à de l’éditorial. J’ai aussi toujours eu une admiration pour 20 Minutes qui a été pionnier en numérique, et notamment du web français. Je veux relever le défi et remettre ce média au premier plan à ce niveau.
CB News : Quelle stratégie éditoriale allez-vous mettre en place ?
Fanny Annoot-Oualia : Je compte creuser le sillon des acquis. 20 Minutes propose une offre d’information gratuite aux jeunes actifs qui est essentielle. Dans la période d’inflation que nous connaissons, beaucoup de personnes n'ont pas les moyens d'acheter un journal. Il y a aussi un ton de neutralité qui fait du bien à notre époque. À côté, j’ai trois missions : redéfinir la stratégie de contenu et de diffusion, ainsi qu’une réorganisation de la rédaction.
CB News : La rédaction a connu il y a près d’un an un plan social. Comment reconstruire dans ce climat ?
Fanny Annoot-Oualia : Un plan social n’est pas neutre dans une entreprise. Le sujet est très présent, et en même temps, je sens que la rédaction se projette dans l’avenir. Il ne s’agit pas d’oublier, mais d’aller de l’avant. Nous sommes dans une période d'effervescence où tout est remis à plat.
CB News : Le nombre de locale a été réduit il y a un an*. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Fanny Annoot-Oualia : En plus de la rédaction à Paris et d'une équipe dédiée à l'information en Île-de-France, 20 Minutes dispose de huit locales : Bordeaux, Toulouse, Marseille, Lyon, Rennes, Nantes, Strasbourg et Lille. Nos journalistes en régions sont essentiels, car ils sont implantés dans le tissu économique, associatif et politique. Il faut que l'information nationale soit traitée avec un prisme local pour avoir une vraie photographie du pays.
CB News : Pouvez-vous nous parler des contenus que vous allez développer ?
Fanny Annoot-Oualia : Nous avons un pilier central autour de l’actualité chaude et des sujets magazines comme la verticale sur la vie professionnelle lancée récemment. Pour muscler l’éditorial, nous développons également des enquêtes sur des sujets de société. La semaine dernière, nous avons publié la première qui porte sur le dopage dans le milieu sportif. À terme, nous voulons en publier une par mois qui sera à chaque fois diffusée dans une stratégie 360 degrés : print, web, podcast, réseaux sociaux, vidéo...
CB News : Le titre s’est doté en mai dernier de sa chaîne de télévision : 20’TV Île-de-France. Quels liens aura-t-elle avec vos formats vidéo ?
Fanny Annoot-Oualia : Les formats vidéo sont essentiels. Nous allons créer des synergies entres les vidéos de 20 Minutes et la chaîne de télévision. Il faut développer la façon dont on s’adresse aux gens sur les réseaux. L’objectif est d’arriver à des créations très chartées 20 Minutes et se retrouver dans un univers à 360 degrés (site, réseaux sociaux...).
CB News : Parmi ces développements, quelle place donnez-vous à l’intelligence artificielle (IA) ?
Fanny Annoot-Oualia : L’intelligence artificielle est un sujet vertigineux qui personnellement me fascine. Pour toutes les tâches qui ne demandent pas une plus-value humaine, comme le sous-titrage, je dis : pourquoi pas, mais sous réserve de vérification. Les garde-fous sont nécessaires et vont arriver très vite par des réflexions d'équipe. Il y a un intérêt à cogiter là-dessus et à s'en emparer.
CB News : Envisagez-vous des partenariats avec des grandes entreprises de l'IA ?
Fanny Annoot-Oualia : Ce n’est pas à l’ordre du jour, mais ça se pourrait. En interne, il y a déjà une vraie culture tech et des personnes qui ont une connaissance très pointue sur ces sujets.
CB News : Qu’attendez-vous des Etats généraux de l'information ?
Fanny Annoot-Oualia : Pour moi, ils doivent se faire avec la presse et les lecteurs. Pour l’instant, j’ai beaucoup d’attente, mais c’est difficile d’avoir davantage d’informations : nous ne connaissons que la date de début : le 3 octobre.
*20 Minutes est aujourd’hui diffusé à 800 000 exemplaires par jour dans sept aires urbaines (Paris IDF, Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse et Montpellier).