Droits TV : la LFP opte pour le tandem de diffuseurs DAZN et beIN Sports pour la Ligue 1
La plateforme britannique DAZN et la chaîne qatarienne beIN Sports diffuseront les matches de Ligue 1 au moins pour les deux prochaines saisons et près de 500 millions d'euros annuels, a révélé à l'AFP une source proche des négociations dimanche à l'issue d'un conseil d'administration de la LFP.
Il reste plusieurs détails à régler avant l'officialisation de cet accord prévu pour la période 2024-2029, notamment une clause de sortie pour DAZN et la Ligue de football professionnel dans deux ans, en 2026. La répartition des rencontres entre la plateforme de streaming sportif, nouvel acteur dans l'écosystème du football français, et la chaîne qatarienne doit aussi être finalisée, même si DAZN devrait diffuser huit rencontres sur neuf et que beIN s'offrirait l'affiche de chaque journée. "Malgré un travail incroyable de Vincent Labrune et de plusieurs présidents, dont moi-même, nous étions dans une impasse, face à l'urgence de la situation", a expliqué à l'AFP, Jean-Pierre Caillot, le président du club de Reims et président du collège Ligue 1. "Il était nécessaire de trouver la meilleure solution pour les clubs, en matière d'exposition et de trésorerie. Le fait de trouver et de sécuriser cet accord avec DAZN et beIn Sports est la solution qui a fait, après plusieurs heures d'échanges, pratiquement l'unanimité chez les présidents de Ligue 1. Ce n'est évidemment pas le résultat que nous avions imaginé au départ, mais il permet de ne pas compromettre l'avenir", a ajouté Caillot. Réunis en collège avant le Conseil d'administration qui a scellé l'accord, les présidents des clubs de Ligue 1, malgré des débats houleux selon un participant, ont écarté le lancement d'une chaîne 100% L1, produite directement par la LFP, même couplée au catalogue Max de Warner Bros Discovery.
700 millions d'euros à se répartir
Ils ont préféré prudemment des médias traditionnels qui leur garantissent une manne financière immédiate, l'argent perçu et redistribué aux clubs par les droits TV représentant un tiers de leur budget environ, ce que l'option de la chaîne LFP, plus séduisante, ne permettait pas. Pour les convaincre, la plateforme britannique, souvent qualifiée de "Netflix du sport", a revu à la hausse, la somme qu'elle leur allouerait au démarrage de la saison 2024. Au lieu des 300 millions d'euros la première année, avec une progression jusqu'à 500 millions au terme du contrat en 2029, DAZN se serait engagé à verser 350 millions d'euros aux clubs dès la saison prochaine. Perplexes face à l'option DAZN/beIN qui ne va pas dans le sens de l'histoire, les présidents de clubs de Ligue 1 restaient également traumatisés par l'épisode Mediapro, éphémère détenteur des droits TV dont la défection fin 2020 a provoqué la quasi-faillite du football français. Les garanties financières présentées par DAZN et validées dans un premier temps par la Ligue ne les avaient pas pleinement convaincus. La plateforme a tenté d'apaiser leurs inquiétudes en leur présentant de nouvelles garanties directement de sa maison mère, Access Industries. Avec les 500 millions de cet accord sur les droits nationaux de la Ligue 1, plus les 160 millions obtenus pour les droits à l'international, plus les 40 millions des droits de la Ligue 2, la Ligue et les clubs obtiennent un total de 700 millions d'euros annuels à se répartir, avec encore quelques lots à vendre, et sortent la tête haute d'interminables négociations.
La tête haute, mais un peu déçus néanmoins, très loin en tout cas du milliard d'euros annuel qu'espérait obtenir Vincent Labrune, le président de la LFP, pour les droits nationaux, au moment de l'appel d'offres à l'automne 2023. Il s'est heurté depuis au refus catégorique de Canal+, diffuseur historique du football français, de participer à la commercialisation des droits TV de la Ligue 1. La chaîne cryptée est fâchée avec la Ligue depuis l'épisode Mediapro. Mais Vincent Labrune a longtemps pensé la convaincre de revenir à la table des négociations via son partenaire beIN. Suivi tout au long des négociations par les présidents de clubs qui lui ont fait confiance dans ce dossier brûlant, Labrune et la Ligue devront néanmoins générer des économies dans les frais de fonctionnement de l'instance qui ont explosé depuis l'accord avec CVC, un fonds d'investissement luxembourgeois qui a apporté 1,5 milliard au football professionnel français contre environ 13% de ses recettes commerciales. En scellant cet accord, la Ligue 1 s'évite en tout cas un écran noir le 16 août, date de la reprise du championnat.