CMA CGM fait la paix avec Xavier Niel et rachète La Provence
L'armateur CMA CGM a annoncé mardi avoir trouvé un accord avec NJJ, la holding de Xavier Niel, le fondateur de Free, pour lui racheter ses 11% de parts dans le groupe de presse La Provence, mettant fin à une bataille judiciaire de près d'un an.
L'offre du géant mondial du transport maritime, basé à Marseille, reste donc la seule en lice pour les 89% restants de La Provence, propriété de Groupe Bernard Tapie (GBT), la holding en liquidation de l'ex-homme d'affaires décédé en octobre. Le tribunal de commerce de Bobigny doit se prononcer sur cette cession le 30 septembre, précisent les deux groupes dans un communiqué commun. Cet accord entre l'armateur et NJJ, qui s'affrontent depuis des mois devant les tribunaux pour la prise de contrôle du groupe de presse phare du sud de la France, qui publie les quotidiens La Provence et Corse Matin, "permettra à La Provence de disposer, avec CMA CGM, d'un actionnaire unique stable", estiment ces derniers. "Je me réjouis de cet accord. Il va nous permettre de travailler avec l'ensemble des salariés de La Provence et de Corse Matin à la mise en place de notre projet de développement et de redressement. Un nouveau chapitre de l'histoire de ces deux titres de presse va pouvoir débuter", a réagi Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, dans un message transmis à l'AFP.
Cet accord entre les deux entreprises "s'accompagnera de la fin des instances judiciaires en cours", a précisé également l'armateur dans son communiqué. Au terme d'un second appel d'offres lancé en février, seule l'offre de reprise de CMA CGM avait été retenue par les co-liquidateurs judiciaires de GBT car "mieux-disante", à 81 millions d'euros contre 20 millions pour celle de Xavier Niel, le fondateur de Free Telecom. Dans les mois qui ont suivi, Xavier Niel, via Avenir Développement (AD), filiale de sa holding NJJ, avait tenté de faire valoir son droit de veto en tant qu'actionnaire minoritaire. Mais le tribunal de commerce de Marseille avait à deux reprises suspendu cette clause d'agrément, estimant que sa mise en œuvre manifesterait un conflit d'intérêt.
Pour l'avocat de La Provence, Me Bernard Bouquet, cette "obsession" de Xavier Niel, également actionnaire du journal Le Monde, d'acquérir La Provence en l'entraînant dans des "méandres judiciaires" portait atteinte à l'intérêt social de l'entreprise et lui faisait "perdre de l'argent". M. Niel commet "un abus de pouvoir en détournant le pouvoir qui lui a été confié" comme administrateur, avait ainsi dénoncé Me Bouquet en juin. Cette décision "est un soulagement", a réagi auprès de l'AFP mardi Jean-Christophe Serfati, président du groupe La Provence : "Surtout pour l'ensemble des collaborateurs qui attendaient cette décision depuis dix mois".